Les hospitalisations pour infarctus du myocarde (IDM) ont baissé soudainement de 30 % en France pendant les quatre premières semaines de confinement. C'est ce que révèle l'étude FRENCHIE publiée dans « The Lancet Public Health » et menée dans 21 centres pendant huit semaines consécutives, les quatre semaines ayant précédé la mise en place de la mesure et les quatre l'ayant suivi.
Le phénomène a été immédiat et brutal à l'annonce du confinement, sans phénomène de rattrapage dans les semaines suivantes. Entre le 17 février et le 22 avril, 1 167 personnes ont été admises dans les 48 heures d'un IDM, 583 avec sus-décalage du segment ST (STEMI) et 584 sans sus-décalage (NSTEMI). Le nombre d'hospitalisations a diminué de 686 sur la période pré-confinement à 481 au début du confinement.
Dans toutes les régions et chez tous les patients
La baisse était plus forte pour les NSTEMI, de l'ordre de 35 %, par rapport aux STEMI qui ont diminué de 24 %. Fait notable, les tendances étaient les mêmes quelles que soient les régions et les caractéristiques des patients (âge, sexe, facteurs de risque).
Ce phénomène a par ailleurs été constaté dans tous les pays où des études ont été menées sur ce sujet. Pour les auteurs, « à la fois nos résultats et ceux des études précédentes suggèrent que les patients confrontés à une douleur thoracique prolongée ou à des symptômes évocateurs d'infarctus du myocarde étaient réticents à appeler les services d'urgence et à aller à l'hôpital pendant la pandémie de Covid-19 ».
Moins de facteurs déclenchants, un effet partiel possible
Dans nos colonnes en avril, des cardiologues avaient d'ailleurs alerté sur la baisse de fréquentations de 40 % des urgences cardiaques et la recrudescence « de formes cliniques que l'on constatait il y a 25 ans », en raison du retard diagnostique. Une augmentation des communications interventriculaires et des chocs cardiogéniques avait alors été observée.
Néanmoins, il est possible que la baisse des hospitalisations soit en partie le reflet « d'une réelle réduction de l'incidence, possiblement liée à une réduction des facteurs déclenchants tels que l'activité physique et la pollution de l'air », est-il suggéré dans l'étude FRENCHIE.
Il reste que, pour les auteurs, ce constat doit alerter les pouvoirs publics. Les autorités de santé doivent être « pleinement conscientes des risques liés au non-recours aux services de santé par les patients afin d'adapter leur message si la pandémie de Covid-19 persiste ou réapparaît ou en cas de nouvelles épidémies dans le futur », est-il répété.
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