LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Bonne retraite, Professeur Even

Publié le 04/03/2013
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Morhange (57)

Dr Denis Gastaldi

Depuis une semaine, il ne se passe pas un jour sans que plusieurs patients ne m’annoncent qu’ils ont arrêté leur traitement par statines. Or s’il est vrai que celles-ci font baisser la mortalité cardio-vasculaires de 15 à 25 %, le Pr Even va être responsable de la mort d’une quantité importante de malades.

Il se trouve que la même semaine, un urgentiste du sud-ouest, le Dr Nicolas Bonnemaison, a été radié par le conseil de l’Ordre pour avoir « aidé » à mourir quelques patients. Le Pr Even, un pneumologue de 80 ans, va-t-il être poursuivi par le conseil de l’Ordre ou être mis en garde à vue pour avoir lancé une affirmation sans preuves scientifiques à l’appui, au risque d’être responsable de la mort de quantités de patients ? Ou a-t-on le droit de dire n’importe quoi dans le seul but d’attirer l’attention des médias ou de vendre un livre à un âge où il ferait mieux de s’occuper de son jardin que de médecine ?

Bonne retraite, Professeur Even.

Mariage gay : réponse aux confrères

Beaune (21)

Dr Pierre Noël

Dans le numéro 9 211 du « Quotidien du Médecin », du lundi 21 janvier 2013, le Dr Raphaël Nogier a eu le courage, que je salue, de se prononcer contre le projet de loi Taubira, et de dire pourquoi il était allé manifester à Paris le 13 janvier 2013. Je le remercie très vivement pour son courage, car il en faut en ce moment pour annoncer ses convictions. Bravo Dr Nogier.

Et en même temps, je prends la liberté de parler au Dr Lequeux, qui répond au Dr Nogier dans le numéro 9 214 du jeudi 32 janvier, en s’embarquant dans une contre-argumentation spécieuse.

Il n’est pas nécessaire d’être médecin pour savoir qu’un enfant a besoin de son père et de sa mère pour se construire harmonieusement. Ce n’est pas « peut-être », c’est la seule voie. Il n’y en a pas d’autre. Mais ce n’est pas parce que ce modèle n’est pas la règle qu’on doit en souhaiter le naufrage. Ce binôme, comme le nomme le Dr Lequeux, c’est-à-dire les parents – père et mère –, est encore quoi qu’il en pense le meilleur milieu pour rendre heureux un enfant. Il est sûr qu’il y a en tout des exceptions. Mais gardons-nous de faire trop facilement d’un cas particulier une trop facile généralisation.

Le Dr Lequeux cite : « (...) le couple, c’est un homme et une femme (...) ». Mais ainsi, la notion de couple repose sur un principe de différenciation et d’altérité. Le couple, c’est « un homme et une femme unis par des relations affectives physiques » (Robert 2012). Voilà pour la sémantique. Deux homosexuels ne forment donc pas un couple mais une paire.

Le Dr Lequeux dit encore que ce projet « heurte les sensibilités religieuses »? Mais oui, et les sensibilités religieuses des religions catholique, juive, musulmane, car elles voient dans le couple le socle de la famille, le fondement d’une société.

Certains esprits étroits ont voulu voir dans cette manifestation du 13 janvier 2013 un déferlement catholique contre les homosexuels. C’est une conclusion absolument stupide qui en dit long sur ses auteurs. Dans ce défilé, il n’y a eu aucun slogan, aucune pancarte contre les homosexuels, et certains même marchaient à nos côtés, disant les mêmes slogans, pour s’exprimer contre la loi Taubira. Simplement.

Je pense que le Dr Lequeux feint une cécité sur le fond de cette loi qui, si elle est votée, sera automatiquement l’appel à la PMA et la GPA, parce que c’est la volonté d’un gouvernement qui n’a que faire de notre opinion. La démocratie est morte.

Les Français vont donc payer pour la PMA, la GPA, comme ils paient pour l’IVG ? Ce vieux serpent de mer noyé par Madame Elisabeth Guigou en 1999 lors du PACS, surgit de nouveau dans le bagage des promesses du président !

Finalement, et cela n’engage que mon discernement, il faut comme médecin être inconscient ou ignorant pour souhaiter une loi aussi scélérate.

Mariage gay : choqué !

Ousse (64)

Dr Michel Chevalier

J’ai lu avec intérêt les courriers des lecteurs, notamment au sujet du mariage pour tous.

J’ai été très choqué par certains propos, en particulier ceux d’un professeur de médecine chez qui j’avais été interne et en qui j’avais gardé un très bon souvenir.

Quelle méconnaissance et quelle intolérance, que de généralités et de monstruosités pouvant faire tant de mal ! Qui plus est de la part de personnes censées aider les autres ! C’est criminel !

Je rappelle qu’un tiers des suicides des ados (avec une explication de ce suicide) est dû à l’homophobie.

J’espère que cette loi qui va être votée permettra a un jeune d’être mieux avec son homosexualité si on lui renvoie enfin une image un peu positive de ce qu’il est.

Les facteurs de risques de suicide chez l’adolescent sont :

- le deuil,

- la maladie chronique,

- l’homophobie.

Une politique préventive dans les manuels scolaires en particulier, et dans le système scolaire, est indispensable.

Je rappelle simplement à toutes ces personnes manifestement homophobes qu’elles doivent s’interroger pour savoir si elles sont pour ou contre l’égalité des droits, définition de la République qui, à ce sujet, sera enfin appliquée.

Enfin, je pense que l’essentiel de ce qui nous sert dans notre carrière de médecin, c’est tout ce qu’on a appris avant d’avoir fait médecine.

Personnellement, j’ai eu la chance qu’on m’enseigne, non pas le catéchisme, mais l’esprit critique et l’humilité, afin de pouvoir évoluer…

Cauchemar ! Rêve ou réalité ?

Les Molières (91)

Dr Jean Hvostoff

Dans nos rêves, à nous les politiques, nous imaginons un pays ou nous pouvons promettre « la lune » et être élu. Pays où nous pouvons déclarer sans sourciller que tous les gens sur terre doivent disposer de la meilleure médecine du monde et que nous sommes prêts, pour perpétuer cette médecine, à examiner tous les projets, décrets ou lois. Mais en omettant bien sûr de dire que nous avons décrété (entre politiques) de ne plus verser un centime pour cette médecine et que nous sommes décidés à lui grappiller le moindre sou (voire à la vendre au plus offrant). Pays de rêve où nous pouvons mener la politique que nous décidons entre nous sans être contesté.

Dans ce pays, pour « le bien » du peuple, nous pouvons mener une politique de rationnement des soins que nous instillons progressivement :

- Diminuer de manière significative le nombre d’étudiants en médecine, d’infirmières, de kinésithérapeutes.

- Créer ainsi une désertification médicale (qui ne fait qu’augmenter, puisque nous avons plus ou moins sciemment ignoré l’âge des médecins en exercice et leur proche mise en retraite).

- Supprimer les hôpitaux, les cliniques de moyenne importance en faveur de grosses structures loin des campagnes puisqu’elles se désertifient aussi, les jeunes n’y trouvant pas de travail.

- Supprimer progressivement des laboratoires d’analyse et de biologie médicale indépendants, en faveur de grosses structures financées par les banques et autres entreprises.

Et devant la compréhension (conditionnée) du peuple pour ces bienfaits que nous apportons, nous pouvons :

- Exiger le remplacement des médicaments originaux par des génériques. La simple baisse du prix des médicaments princeps empêche que les industries du générique fassent fortune, et il n’existe pas de polémique puisque critiquer le générique est politiquement incorrect.

- Favoriser l’installation – qui sera que de courte durée bien sûr – des médecins étrangers, afin de laisser au peuple le temps de s’adapter au rationnement médical.

- Réduire la liberté du médecin par l’instauration de différents forfaits contraignants et la programmation de la disparition du paiement à l’acte, que le médecin sera obligé d’accepter s’il ne veut pas être déconventionné.

- Mener une politique médiatique pour faire croire aux médecins que la majorité d’entre eux désire le salariat.

- Asservir grâce à notre propagande les médecins qui seront bientôt tous fonctionnaires et non libres de leurs prescriptions, ils soigneront ainsi le peuple selon notre bon vouloir sans que notre responsabilité soit mise en cause.

- Saborder le moral du médecin en réduisant sa liberté et en le rendant responsable du déficit de la Sécurité sociale. N’a-t-il pas été insinué qu’il est à la solde des laboratoires pharmaceutiques puisqu’il ne prescrit pas systématiquement du générique, et qu’il prescrit en grande quantité les antibiotiques, les statines, le Plavix… et tous ces autres médicaments que nous avons fait rétrograder en « service médical rendu jugé insuffisant » pour préserver la Sécurité sociale de ses doigts crochus.

- Supprimer progressivement le cabinet médical individuel et regrouper les médecins dans des maisons médicales ou centres de santé, pour les surveiller et les conditionner. N’avons-nous pas déjà réussi à en formater certains pour qu’ils se sentent de moins en moins capables d’exercer solitairement !

Il est vrai que nous avons encore un obstacle qui nous agace : le DMP ou dossier médical partagé. Actuellement, le DMP est pécuniairement non rentable. Il a coûté un demi-milliard d’euros depuis le début de sa mise en route, et il est toujours inefficace. Devons-nous l’arrêter ? Bien sûr que « Non » car comment pourrions-nous, nous et les grandes entreprises, avoir l’estimation réelle de l’état de santé de nos concitoyens et futurs salariés ?

Dans ce pays, nous allons pouvoir enfin réussir ce que tous les hommes politiques, quel que soit leur parti, rêvent d’instaurer : l’étatisation de la médecine (une médecine contrôlée et sans qualité).

Rêve ou réalité ? Si les syndicats médicaux, le conseil de l’Ordre des médecins, les médias, les politiques de bonne volonté (car il en existe) ne réagissent pas, ce cauchemar deviendra réalité…


Source : Le Quotidien du Médecin: 9223