• Des chiffres sous-estimés
« L’épidémiologie des suicides des enfants de 5 à 12 ans est (...) floue. Les suicides aboutis sont rares, mais ses masques nous incitent à dire qu’ils sont certainement plus fréquents car les chiffres ne parlent que des suicides évidents. À peu près trente à cent enfants se tuent chaque année, mais on peut penser qu’un grand nombre d’accidents sont des analogues suicidaires. »
• Se donner la mort
« La préméditation est difficile. La plupart du temps, c’est une impulsion, qui, avec la maturation, prend la forme d’un jeu. La distinction entre suicide évident et suicide masqué est difficile. Et même s’il est vrai que les suicides de petits sont rares en France, leur augmentation récente dans d’autres cultures indique l’aggravation d’un mal-être. »
• Les carences non décelées
« Depuis le trauma des premiers mois, mal repéré parce qu’il s’agit souvent d’une négligence affective difficile à observer, mal soutenu par manque de substitut affectif, mal élaboré dans un milieu où l’on parle peu, l’enfant peine à rencontrer un tuteur de résilience. Préoccupé par la versatilité émotionnelle qui altère ses relations, il se prive de la stabilité affective qui lui aurait permis de se développer harmonieusement. »
• L’évolution technique
« Le développement de l’enfant est amélioré par nos progrès hygiéniques, alimentaires et éducatifs. Au XXe siècle, sous l’impulsion des psychanalystes, on a compris qu’il fallait parler aux enfants et leur donner la parole afin de tisser des liens sécurisants. Toutefois, ce même contexte de progrès techniques a dilué la niche des systèmes familiaux. Alors que le développement du corps et de l’intellect des enfants est nettement amélioré, l’âme est moins sécurisée car les tuteurs sont éloignés dans l’espace de la culture technique. »
• Les jeux dangereux
« Quand les conditions éducatives protègent les enfants de tout danger, elles les privent en même temps du plaisir de s’attacher à ceux qui les défendent. Un monde sans peur les démotiverait, les priverait du plaisir d’apprendre et d’aimer. Il empêcherait l’acquisition de la fierté de soi. La peur surmontée est un renforçateur du moi. (...). Peut-être est-ce la raison pour laquelle la plupart des enfants flirtent avec le danger. En érotisant le risque, ils constituent leur identité mais, quand ils courent au danger sans le contrôle des adultes ou de la culture, les comportements deviennent des équivalents suicidaires, sans vrai désir de mort. »
• Reconnaître la tentation du suicide
« Chez l’enfant, c’est encore plus difficile. Quand ils sont dépressifs, on voit bien qu’ils sont moroses, s’isolent, ont peur de l’école, se mettent en colère, jouent moins et ont des préoccupations morbides. Mais quand ils ne sont pas dépressifs, comment repérer l’imminence d’une impulsion ? Pourtant, lorsque les médecins, au cours de leur formation continue, s’entraînent à comprendre ce que peut être une idéation suicidaire, ils dépistent un nombre non négligeable de cas. »
• Le passage à l’acte
« Il est bien établi qu’il existe un lien entre un appauvrissement périnatal et un risque suicidaire. Toutefois, on ne peut pas dire qu’une difficulté survenue autour de la naissance sera ensuite la cause d’un suicide. Lorsque la vulnérabilité neurologique est acquise, il faut un événement pour déclencher le passage à l’acte. Quand le système nerveux a été fragilisé par un appauvrissement précoce, certaines situations font l’effet d’un drame insupportable ».
• Une prévention multiple
« La seule donnée fiable à 100 %, c’est que si l’on ne fait rien, on laissera venir tout ce qui mène à la mort. Mais si l’on prend des décisions médicales, familiales, éducatives, scolaires et culturelles, on aura un retour sur investissement qui a été déjà évalué : plus on investit tôt, plus les résultats sont bénéficiaires. Cette politique de prévention devra s’orienter :
- Sur le développement de la personne : génétique, conditions de grossesse, structure de la niche affective des premiers mois, modèles identificatoires familiaux, fratries.
- Sur les structures d’alentour : fonctionnement familial, culture de quartiers, école, activités périfamiliales, loisirs.
Les récits culturels ont une fonction importante : les mythes, préjugés et stigmatisations peuvent provoquer des épidémies de suicide, alors que des explications ou des récits valorisants les empêchent. »
*« Quand un enfant se donne "la mort" », Boris Cyrulnik, Éditions Odile Jacob, 2011, 19 euros.
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