« Le G20 ? Cela fait des mois que nous travaillons en collaboration avec l’Agence régionale de santé (ARS) sur le plan sanitaire. » À quelques jours du coup d’envoi du sommet, la directrice adjointe du centre hospitalier, Nathalie Ronzière, a toute confiance dans le dispositif spécial adopté pour affronter un afflux exceptionnel : de 50 000 à 80 000 visiteurs sont attendus, sans compter les manifestants des contre-sommets. « Nos équipes du SMUR sont doublées, celles des urgences de jour comme de nuit et des services d’imagerie sont renforcées, des soignants seront présents physiquement de nuit au bloc opératoire et non plus d’astreinte et nous avons reçu du matériel médical supplémentaire, comme des respirateurs... » Le Dr Christophe De la Vega, chef des urgences, distingue plus précisément deux phases. Du 27 octobre au 1er novembre, son service est épaulé par une équipe supplémentaire, composée d’un médecin, un infirmier, un assistant social, et un brancardier. Puis du 2 au 5 novembre, l’unité d’hospitalisation de courte durée est renforcée, avec 2 lits réservés, un infirmier et un assistant social en plus. Une 2e ligne SMUR est ouverte avec un médecin et un infirmier 24 heures sur 24. Et un circuit séparé est mis en place pour les VIP et les forces de l’ordre du G20 dans des locaux spécifiques.
En plus de la mobilisation de ses équipes habituelles, qui n’étonne guère le personnel rompu à l’organisation du Festival de film, le centre hospitalier reçoit exceptionnellement l’appui de 3 ou 4 réservistes de l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences Sanitaires (ÉPRUS), spécialisés dans les risques nucléaires, radiologiques, biologiques, et chimiques (NRBC). Il peut en outre compter sur l’ensemble des hôpitaux de la région, en particulier ceux de Grasse, Antibes, Nice pour la neurochirurgie, Toulon ou Marseille, pour les brûlés.
Ambulances, véhicules de transports sanitaires, et tous les professionnels susceptibles de se rendre dans le centre-ville de Cannes, sécurisé, ont reçu leur badge d’accès 2 semaines avant le début des festivités, le 31 octobre. « Cela représente une soixantaine de personnes en comptant nos services d’hospitalisation à domicile ou certains psychiatres dont les patients ne peuvent se déplacer », précise Nathalie Ronzière. Et ce ne sera pas de trop, car les équipes hospitalières sont parmi les seuls soignants à pouvoir circuler dans la vieille ville. « Certains libéraux ne pourront pas travailler, nous serons donc amenés à voir leurs patients », explique la directrice adjointe.
Vacances imposées.
« Certains » est un euphémisme. À les écouter, la grande majorité des généralistes installés aux alentours du vieux port ferment leur cabinet. Jacques Schweitzer, président du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Alpes-Maritimes, reconnaît même leur avoir conseillé d’éviter de prendre des rendez-vous du 31 octobre au 4 novembre.
« On ferme tous ! Je pars en courant », témoigne Lionel Barrau, dont le cabinet est situé rue Felix Faure, au Nord-Ouest du vieux port, en zone 2. « Même si j’ai mon badge, les gens ne pourront pas venir. Je bosse comme un fou depuis trois mois, je pars donc en vacances, comme lors du festival de Cannes. Mais contrairement à d’habitude, même mon remplaçant ne souhaite pas travailler », explique le généraliste.
Même son de cloche dans la rue d’Antibes, où est installé au 84 le cabinet de 5 généralistes, dont le Dr Renaud Ferrier. « Cela demande de l’organisation. Nous avons beaucoup travaillé les semaines précédentes et travaillerons sûrement beaucoup les suivantes pour assurer les rendez-vous chroniques, mais nous avançons nos vacances de la Toussaint », explique-t-il.
Le bouleversement passerait sans souci s’il n’était doublé du silence des pouvoirs publics à l’égard des libéraux, qui, pour certains, le vivent comme un affront. Le Dr Ferrier est aussi médecin responsable du tour de garde et vice-président de l’Association de soins et d’urgences du département. « Je n’ai pas été sollicité et les libéraux n’ont pas été impliqués dans l’organisation du G20 : cela nous rappelle l’épisode du vaccin H1N1 », déplore-t-il.
Son collègue, Bruno Cecarelli, qui sera l’un des 3 médecins à assumer le tour de garde, lors de la fermeture des cabinets (le soir et le week-end), partage le même sentiment : « Je ne sais pas comment ils vont gérer les problèmes, mais on ne les intéresse pas, seuls les hôpitaux savent faire », ironise-t-il. Loin de redouter une surcharge de travail, il craint plutôt de ne pas pouvoir travailler. « Je répondrai au téléphone, mais je ne peux pas faire venir les patients issus des zones non sécurisées, car je doute qu’on leur accorde des badges à la dernière minute. » In fine, seuls les généralistes travaillant avec SOS médecins, Allô médecins de garde, et la maison médicale de garde, ouverte en juin dernier aux portes de l’hôpital, pourront exercer.
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