Pour changer les mentalités

Campagne contre le viol conjugal

Publié le 15/06/2011
Article réservé aux abonnés

LES CHIFFRES précis ne sont pas connus puisque seulement 10 % des tentatives de viol et des viols sont signalés à la police ou à la gendarmerie. Mais l’on sait que les viols dont sont victimes les femmes, 75 000 au moins chaque année, sont commis dans huit cas sur dix par des hommes qu’elles connaissent et dans 30 % des cas, donc, par leur conjoint ou leur partenaire.

L’obligation de devoir conjugal, qui était en vigueur depuis 1810, n’a disparu que récemment, avec la reconnaissance du viol entre époux en 1990 et une décision de 1992 de la Cour de cassation selon laquelle « la présomption de consentement des époux aux actes sexuels ne vaut que jusqu’à preuve du contraire »… Mais le changement des mentalités n’a pas suivi. Le Collectif féministe contre le viol et les autres associations qui œuvrent auprès des femmes le constatent à travers les témoignages reçus.

Des conséquences graves.

La gravité de l’agression et de ses conséquences pour la victime est souvent minimisée, alors que le viol conjugal peut entraîner des états dépressifs et des troubles graves de la personnalité (syndrome post-traumatique complexe), s’ajoutant aux blessures, douleurs, difficultés sexuelles et autres.

D’où l’idée d’une campagne grand public, qui se traduit par un spot diffusé à la télévision et sur les réseaux sociaux, réalisé par l’agence New BBDO. « Ne laissez plus votre conjoint s’exprimer à votre place » : le film dénonce la domination du conjoint dans le cadre du viol, rappelle le cadre juridique et incite les femmes à s’exprimer ou à s’informer, soit au 0800.05.95.95*, soit sur www.cfcv.asso.fr.

« Il faut que le grand public reconnaisse enfin la réalité du viol conjugal, que contraindre sa femme, c’est un viol et un crime puni par la loi », martèle le Dr Emmanuelle Piet, présidente du Collectif. « Le mariage ne donne aucun droit à disposer du corps de son partenaire. Il semble malheureusement nécessaire de le rappeler et ainsi d’aider les femmes victimes à se reconnaître comme victimes, pour qu’elles n’aient plus honte, de les aider pour que la loi soit appliquée et que la tolérance de la société cesse à l’égard de ce crime lour de conséquences en matière de santé physique et psychique », renchérit le Dr Gilles Lazimi, le coordinateur de la campagne.

Le Collectif souligne que les professionnels de santé ont un rôle majeur pour permettre aux victimes d’être accueillies, soignées et accompagnées comme elles le devraient. Il estime qu’ils doivent suivre une formation spécifique et questionner directement les victimes, pour les inciter à révéler les violences qu’elles subissent.

* Numéro Vert, du lundi au vendredi, de 10 à 19 heures.

RENÉE CARTON
En complément

Source : Le Quotidien du Médecin: 8982