À l'heure des réseaux sociaux mais aussi du patient expert, comment tenir compte concrètement de l'avis et de la parole de l'usager/consommateur en matière de santé ? La question a été débattue ce mercredi lors d'un café Nile, à Paris, en présence du Dr Cédric Grouchka, praticien hospitalier en santé publique spécialisé en économie et droit de la santé, et membre du collège de la Haute autorité de santé (HAS) où il préside la commission des stratégies de prise en charge.
Pour cet expert, qui a appartenu au cabinet de plusieurs ministres de la Santé (entre 1993 et 1996 puis entre 2002 et 2006), il est illusoire de vouloir créer un « Que Choisir ou un Tripadvisor de la santé » officiel, du nom du célèbre site américain qui délivre avis et conseils de consommateurs sur des hôtels, restaurants ou lieux de loisirs. « C'est tentant mais ça n'a aucun sens en santé, tranche-t-il. Lorsqu'on veut simplifier à outrance, mettre des étoiles sur tel ou tel service ou prestation, il est impossible de conserver la rigueur scientifique nécessaire. »
Cela n'empêche évidemment pas de nombreux opérateurs ou sites – dont le géant Google – de publier depuis des années des commentaires et des notations sur les praticiens au point que l'Ordre des médecins a déploré l'insuffisante réglementation en la matière.
Des indicateurs de mortalité hospitalière
Beaucoup plus scientifiquement, la HAS planche désormais sur le développement d’indicateurs de mortalité hospitalière en France, confirme Cédric Grouchka. Les résultats seront retournés aux établissements (voire diffusés publiquement) mais le processus a ses limites. Pas question de construire des comparateurs hospitaliers, d'utiliser ces résultats pour les dotations financières ou comme une alerte.
Quid des classements, guides et palmarès des hôpitaux et cliniques publiés chaque année par des journaux comme « Le Point » ou « Sciences et Avenir » ? « Ils utilisent nos données, avec notre méthode, ce n'est pas si mauvais, tempère Cédric Grouchka. Cette transparence stimule les établissements qui sont bien notés, ça les aiguillonne lorsque c'est pas terrible mais en réalité, la littérature montre que ça n'a aucune utilité pour le choix des patients ! »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation