Les premiers résultats du programme « Épidémiologie et surveillance des professions indépendantes » menée par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et le Régime social des indépendants (RSI) ont permis de montrer que 65 % des artisans à la retraite (3 % des femmes) ont été exposés à l’amiante au moins une fois durant leur carrière. Ce pourcentage est « bien plus élevé que chez les retraités salariés tous secteurs d’activité confondus », soulignent les auteurs.
« Il s’agissait par ailleurs d’estimer pour la première fois la prévalence de l’exposition professionnelle à l’amiante dans cette population », précisent-ils. Le premier volet du programme ESPrI lancé en 2005 dans 7 régions auprès d’artisans ayant pris leur retraite entre 2004 et 2008 visait aussi à repérer ceux qui ont été exposés à l’amiante et à leur proposer un bilan médical de même qu’un suivi post-professionnel.
Quelque 15 030 artisans, hommes et femmes, ont été invités au programme et 9 125 artisans ont participé (soit 61 %). Parmi eux, 5 993 ont été considérés par les experts comme ayant été potentiellement exposés - cette exposition a été considérée comme forte pour 125 hommes et 2 femmes, intermédiaire pour 5 827 hommes et 39 femmes). Les artisans ont été pour la plupart exposés pendant plus de la moitié de leur carrière.
Pathologies dépistées
Un suivi médical a donc été proposé à toutes les personnes exposées. Seulement 1 810 artisans (30,3 %) dont 12 femmes, ont effectivement réalisé un bilan médical complet (scanner), parmi lesquels 295 présentaient une pathologie, « bénigne pour la plupart » mais connue comme pouvant avoir un lien avec l’amiante. Elles ont été informées de leurs droits à réparation via le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante.
Plus de 16 % ont présenté une « anomalie radiologique thoracique » de la plèvre (plaques pleurales, épaississements pleuraux diffus, asbestose) ; 28 ont été diagnostiqués avec un cancer broncho-pulmonaire ou un mésothéliome, soit 1,5 % de ceux soumis au bilan de santé.
Les analyses mettent en évidence des différences de prévalence d’exposition selon les secteurs d’activité. Chez les hommes, les prévalences les plus élevées sont observées dans le secteur de la construction et celui du commerce de la réparation automobile.
Selon les auteurs, ces premiers résultats « soulignent l’importance de renforcer l’information des médecins traitants, interlocuteurs des artisans pour le repérage de leurs expositions et pathologies ». L’étude montre d’ailleurs que dans 9 cas sur 10, les artisans retraités se sont adressés à leur médecin généraliste pour réaliser leur bilan médical.
Les auteurs précisent qu’en l’état actuel des connaissances, le bénéficie médical individuel du dépistage par scanner n’est pas prouvé mais qu’en revanche, « le bénéfice social individuel et collectif attendu du dispositif est évident ». Les artisans doivent être informés des bénéfices à attendre du repérage de leur exposition passée à l’amiante qui reste la première cause de cancers d’origine professionnelle.
* Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, Basse et Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Picardie
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