DÈS LORS que l’on considère l’homosexualité comme un phénomène naturel (et bien sûr, elle l’est), il ne doit y avoir aucune raison de refuser aux homosexuels les droits dont bénéficient les hétéros. Le problème vient de ce que de nombreux citoyens voient le mariage gay comme un danger pour l’institution du mariage en général. Ils ont tort, dans la mesure où le divorce a mis fin à la suprématie de cette institution. Le mariage échappe complètement à la sphère religieuse. C’est une sorte de contrat entre les époux et il n’est plus considéré comme éternel. Pour un mariage à la manière d’autrefois, il n’y a plus que l’église, la mosquée ou la synagogue.Depuis la laïcité, elles ne sont plus l’affaire du gouvernement ou de l’État. Le mariage civil peut être temporaire, le divorce peut y mettre un terme et des enfants peuvent être conçus dans le cadre d’un ou plusieurs autres mariages. D’où la recomposition des familles.
Le discours que Hollande aurait dû tenir.
Dans ce contexte, le mariage gay devrait convenir à tout le monde. Ceux qui s’y opposent se dressent contre lui en réalité au nom du mariage religieux que des époux, soudain décidés à se séparer, auront tôt fait d’oublier, pour ne retenir que la possibilité de divorcer que leur garantit le mariage civil. Rien n’empêche un nouveau couple de s’engager pour la vie et de s’y tenir. Rien n’empêche le même couple de croire à la dimension religieuse du mariage plutôt qu’à un changement d’état-civil. Mais, dès lors qu’existe le mariage civil, il est difficile de soutenir que ce qui est bon pour les uns doit être appliqué aux autres en toute circonstance. L’homosexualité n’est qu’une expérience au même titre que l’hétérosexualité.
C’est ce discours que François Hollande aurait dû tenir. Il nous dit aujourd’hui qu’il se contente de donner suite à l’une de ses promesses électorales et que, s’il a été élu président, il est logique qu’il institue le mariage homosexuel. Il ne peut pas pour autant éliminer le débat en s’en tenant à une simple déduction. La moitié du pays a voté contre lui et, pour imposer le mariage gay à ceux qui n’en veulent pas, un minimum de pédagogie doit être mis en œuvre. Au lieu de quoi, on a vu le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, s’inquiéter de ce que le débat soit encouragé dans l’école privée, catholique dans son immense majorité. Un peu comme si M. Peillon souhaitait que la question soit traitée comme une lettre à la poste. Rien ne dit d’ailleurs que, dans les écoles catholiques, il n’y ait pas beaucoup de jeunes qui souhaitent la modernisation de la société. On a déjà vu les catholiques français se dresser contre diverses décisions du pape, par exemple quand il a fermé la porte à la contraception.
OUI AU MARIAGE GAY ET OUI AU DEBAT
En outre, il ne faudrait pas qu’un projet socialiste ouvre la porte à je ne sais quelle atteinte à la liberté d’expression. Si le débat sur le mariage gay se transforme en guerre scolaire, le gouvernement ne pourra s’en prendre qu’à lui-même. M. Peillon, en voulant étouffer la contestation, est tombé, avec sa maladresse coutumière, ou plutôt sous l’emprise de quelque chose qui ressemble fort à du sectarisme, de Charybde en Scylla. Pour autant qu’on le sache, nous sommes tous libres dans ce pays, y compris dans les écoles catholiques, de donner notre avis. Et ce n’est pas parce que Christine Boutin a pris la tête du mouvement contre les propos de M. Peillon que nous devrions oublier de rappeler nos droits fondamentaux. L’initiative du ministre ressemble d’ailleurs à une provocation puisqu’il a couru le risque de sembler anormalement autoritaire et peu soucieux des règles élémentaires de la démocratie. Au fond, cette grande querelle de société sur le mariage gay, n’est-ce pas un moyen de détourner ce qui ronge le cœur des Français, la crise économique et sociale qui les menace tous ? On n’ira pas jusqu’à attribuer au pouvoir un calcul aussi cynique. Il n’empêche qu’il s’accommode fort bien de réformes dites sociétales dont l’avantage immédiat est qu’elles font surtout oublier les autres, celles qui comptent et sont si difficiles à entreprendre.
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