Tout est parti du classement annuel des établissements de santé du « Point » en 2012. La maternité de niveau I de la polyclinique Jean Villar (Elsan) de Bruges (Gironde) y est classée deuxième… en partant de la fin avec près de 30 % de césarienne soit dix points de plus que la moyenne nationale.
Les équipes médicales décident de réfléchir à l'amélioration de leurs pratiques. « Nous avons analysé notre activité en évaluant une trentaine de dossiers sur six mois, avec une grille de lecture reprenant l'âge de la patiente, l'IMC, s'il y avait une suspicion de gros bébé, une PMA, la place du placenta, les pathologies maternelles etc. », précise le Dr Renaud Benichou, l'un des sept obstétriciens de l'établissement.
Il s'avère qu'à Jean Villar, 62 % des femmes ayant déjà eu une césarienne en ont une autre pour leur deuxième enfant. 7 % viennent sans indication médicale, l'établissement a la réputation de les accepter facilement. Un programme d'évaluation des pratiques professionnelles (EPP) pour l'amélioration des césariennes, piloté par la HAS, les réseaux de périnatalité et les collèges scientifiques, est mis en place. La clinique se fixe comme objectif de diminuer de 10 % son taux de césariennes.
Les praticiens se dotent d'un tableau, adressé aux équipes et à la direction, où toutes les césariennes programmées sont indiquées. « Le fait que les collègues voient votre activité permet de se niveler, et celui qui fait 40 % de césariennes alors que les autres en font 10 % se repère tout de suite », détaille le gynécologue obstétricien.
Une réunion mensuelle est instituée où chaque médecin doit motiver ses interventions. Poids du bébé, âge de la patiente…: « Nous devons justifier la pertinence de la césarienne auprès de l'équipe », indique le médecin. Le suivi des recos et la réflexion collégiale des professionnels portent leurs fruits. Alors que l'établissement réalisait 29,46 % de césariennes en 2010 et encore 26 % en 2013 – l'année de mise en place de l'EPP –, le taux chute à 21 % en 2017. Les césariennes programmées sont passées de 14 % en 2013 à 10 %. « Nos changements de pratiques ont rendu les césariennes plus pertinentes et nous permettent de mieux informer les patientes sur le ratio bénéfice/risque de l'acte », explique le Dr Renaud Benichou.
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