Même si l’augmentation de la violence chez les enfants relève de phénomènes complexes, certains facteurs peuvent être répertoriés. Le pédopsychiatre Pierre Delion estime ainsi qu’actuellement, « la toute-puissance infantile n’est pas assez canalisée par une fonction parentale limitante ». À l’entrée à l’école, cette fonction limitante est trop souvent déléguée aux enseignants. « Dans les soins de l’enfant, on prend aussi en charge le soutien de la fonction parentale qui est inhibée : les parents ont l’intuition de ce qu’ils devraient faire mais ils n’osent pas s’opposer à leur enfant ».
Au-delà de la cellule familiale, le Dr Maurice Berger (Saint-Étienne) dénonce la constante confusion entre « autorité et abus d’autorité » relayée dans les médias et déplore que les efforts pour construire « une autorité saine » dans l’espace public soient systématiquement tournés en dérision*. « On sait que le psychisme de l’enfant a besoin de rencontrer une autorité pour s’organiser, pour ne pas être livré à ses pulsions. Mais dès que quelqu’un manifeste publiquement la nécessité de l’autorité, d’imposer des limites, il est tout de suite taxé d’excès d’autorité ou de vouloir retourner à "l’ordre moral" », regrette-t-il.
« Un deuxième élément, qui fait l’objet de nos préoccupations majeures, c’est le scotchage des bébés à la télévision jusqu’à 3 ans : toute la psychomotricité qu’ils devraient développer pendant cet âge formidable, seuls ou dans le cadre des interactions avec les parents, est empêchée », alerte Pierre Delion. « Il n’y a pas de réciprocité dans l’interaction et l’excitation par la télé reste dans la tête de l’enfant sans qu’il ne puisse l’exprimer par la décharge motrice. »
Les études montrant les effets néfastes d’une exposition précoce à la télévision sont aujourd’hui légion. « Les choses sont prouvées. Il faudrait faire un grand cas de cette affaire qui constitue, notamment, un problème éducatif majeur. Les médecins ont un rôle pédagogique énorme auprès des familles », plaide le médecin, qui cite en exemple « le jeu des trois figures », proposé par le psychiatre Serge Tisseron. Ce dispositif consiste à mettre en place, dans les classes de maternelle, un jeu de rôle où les enfants prennent successivement la place de l’agresseur, de la victime ou du redresseur de torts. Pratiqué à raison d’une heure par semaine, ce jeu permet aux enfants de prendre du recul par rapport à l’impact des images sur eux, de réduire les violences scolaires et de développer la tendance à faire appel à l’adulte pour résoudre les conflits. De manière générale, Serge Tisseron recommande de suivre la règle des « 3-6-9-12 » : pas de télévision avant 3 ans ; pas de console avant 6 ans ; pas d’Internet, même accompagné avant 9 ans ; pas d’Internet seul avant 12 ans.
*In le « Quotidien » du 29 septembre.
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