« Sans aucune validation scientifique », « des messages d’accompagnement de type "prescriptif" indéfendables », un système qui « dévoie la proposition (...) à 5 couleurs du rapport Hercberg en supprimant (...) la catégorie rouge ». C’est en ces termes qu’un collectif sur le Logo nutritionnel, orchestré par la Société Française de Santé Publique (SFSP), s’est opposé avec force à l’initiative d’étiquetage nutritionnel du groupe Carrefour dans une tribune libre publiée ce jour dans le Journal International de Médecine (Jim).
Une pétition citoyenne sur internet, soutenue par 33 sociétés savantes et associations et 85 spécialistes en Nutrition, Santé Publique, Pédiatrie et Cardiologie, compte déjà plus de 24 000 signataires, rassemblant professionnels de santé, acteurs de terrain, consommateurs et patients. Le groupe de grande distribution avait dévoilé son projet le 29 septembre dernier.
L’industrie agro-alimentaire réfractaire au rapport Hercberg
Le groupe Carrefour, qui souhaite voir appliquer son propre logo nutritionnel avant la fin de l’année, fait preuve d’un empressement suspect alors que les pouvoirs publics ne se sont pas encore prononcés sur la définition du cadre à donner à un système unique officiel validé. Les opérateurs économiques s’étaient déjà montrés réservés, sinon hostiles, par le passé à cette mesure. « En France, l’Association nationale des industries agro-alimentaires (ANIA) a indiqué son opposition », avait expliqué le Pr Serge Hercberg.
En proposant une version édulcorée et revisitée, le groupe souhaite-t-il prendre de court le rapport Hercberg ? Il est tentant de le penser. Le rapport Hercberg, remis à la Ministre de la santé le 28 janvier, a pour objectif déclaré « d’éclairer les consommateurs (notamment les plus défavorisés) sur la qualité nutritionnelle des aliments pour aider à arbitrer leurs choix ». Il y est question en pratique d’appliquer une signalétique reposant sur 5 couleurs (vert, jaune, orange, fuschia, rouge) correspondant à 5 classes nutritionnelles (A, B, C, D, E).
Les pouvoirs publics appelés à se prononcer
Dans sa signalétique, le groupe Carrefour reprend le principe des couleurs mais en éliminant la catégorie rouge jugée sans doute trop culpabilisante. Selon la SFSP, « les seuils, la forme et les messages retenus ont été fixés sans aucune validation scientifique ». La société savante dénonce aussi un affichage de type prescriptif qui peut être un facteur de confusion, avec des messages tels que « pizza 1 fois/jour, le dessert stracciatella 2 fois/jour, boîte de petits pois 3 fois/j ».
Les signataires demandent expressément au groupe Carrefour de renoncer à la mise en place de son système « inacceptable » et de « reprendre son initiative dès que le système unique validé par les pouvoirs publics sera officialisé ». Le collectif, qui appelle également les parlementaires à voter le principe d’un étiquetage nutritionnel simplifié unique, a saisi l’ANSES pour qu’elle fixe d’ici le mois de novembre les 4 seuils définissant les 5 catégories de qualité nutritionnelle.
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