Une centaine de médecins, gynécologues et généralistes, demandent l'allongement de deux semaines des délais légaux pour pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG), le temps du confinement en contexte de Covid-19.
« Il est essentiel de protéger les droits des femmes et de maintenir l’accès à l’avortement », lit-on dans une tribune publiée dans « Le Monde », dont les premiers signataires sont des gynécologues obstétriciennes Ghada Hatem (fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis), Laurence Danjou, Danielle Gaudry, Joëlle Brunerie-Kaufmann, et des responsables de centres IVG (Maud Gelly, Philippe Faucher), soutenus par les anciennes ministres Roselyne Bachelot, Marisol Touraine, Yvette Roudy, Najat Vallaud-Belkacem, ou encore Laurence Rossignol.
De 7 à 9 SA pour les IVG médicamenteuses
Les médecins demandent la possibilité d'autoriser à domicile les IVG médicamenteuses jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée (7 semaines de grossesse) au lieu de 7 SA actuellement.
« Cela éviterait que les femmes ne se rendent à l'hôpital. La littérature indique qu'il n'y a pas de risque, l'Angleterre et l'Irlande le font. Le médecin pourrait envoyer l'ordonnance par téléphone ou la transférer au pharmacien auprès de qui la femme viendrait chercher le médicament », a suggéré la Dr Ghada Hatem au micro de France Inter ce 1er avril.
Jusqu'à 16 SA pour les IVG chirurgicales
En outre, les signataires demandent au gouvernement d'autoriser des aspirations chirurgicales à l'hôpital jusqu'à 16 SA au lieu de 14 SA aujourd'hui. « Ceci pendant le confinement, voire les 15 jours d'après », précise la Dr Hatem.
Enfin, les signataires demandent que les mineures soient dispensées du délai de 48 heures qui leur est actuellement imposé avant leur IVG, et puissent ainsi y avoir droit dans la foulée de leur première consultation.
« La loi doit aligner les pratiques médicales sur les besoins sociaux. Nous y sommes prêt(e)s, et sommes également prêt(e)s à nous mettre hors-la-loi pour appliquer ces trois mesures », concluent les auteurs de la tribune dans « Le Monde ».
Des soins urgents qui ne peuvent attendre, selon les militantes
« Nous ne profitons pas de la situation, comme on nous accuse de le faire, mais nous voulons aider les femmes dans cette période particulièrement difficile », s'est défendue la Dr Hatem, en soulignant les nombreux obstacles à l'accès à l'IVG dans les temps : soignants moins disponibles (car malades, confinés, etc.), réorientation des blocs opératoires au profit de la réanimation, crainte des femmes de sortir... « Avec la crise du coronavirus, tout le système de santé est réorganisé. Or, une IVG ça ne peut pas attendre », s'était déjà émue la Dr Danielle Gaudry, militante au Planning familial, qui avait sonné l'alerte dès la semaine dernière, avec la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception (Cadac).
Mi-mars, l'ancienne ministre socialiste des Droits des femmes Laurence Rossignol avait déposé devant le Sénat un amendement visant à allonger ces délais d'accès à l'IVG. En vain. « On accepte de déroger au Code du travail pour s'adapter à la crise sanitaire, alors qu'on estime impensable d'aménager la loi sur l'avortement pour assurer les IVG », avait-elle regretté sur Twitter.
En guise de réponse, le ministère de la Santé a rappelé que les IVG « sont considérées comme des interventions urgentes », et que « leur continuité doit être assurée ». Et d'orienter vers le numéro vert du Planning Familial pour toute question (0800 08 11 11).
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation