« Bien que l’utilisation d’un vaccin soit soumise aujourd’hui aux incertitudes et inconnues scientifiques, il est dès à présent crucial d’élaborer une stratégie vaccinale nationale, afin que cet outil puisse être intégré efficacement dans la stratégie plus globale de lutte contre l’épidémie de Covid-19 dès sa disponibilité », estime les membres d'un groupe de travail associant le Comité Analyse Recherche Expertise (CARE) Covid-19, le Comité scientifique vaccins Covid-19 et le Conseil scientifique Covid-19 dans un avis conjoint.
Les populations à cibler prioritairement et les modalités de vaccination sont à définir dès à présent, lit-on dans cet avis adressé aux autorités nationales le 9 juillet et rendu public le 24 juillet.
Les professionnels de santé, prioritaires pour la vaccination
Plusieurs catégories de personnes jugées prioritaires en premier lieu pour la vaccination ont été identifiées. Le groupe de réflexion compte environ 6,8 millions de personnes à risque d'exposition du fait de leur activité professionnelle telles que les professionnels de santé (dont 230 000 médecins libéraux et hospitaliers). Les 23 millions de personnes de 65 ans ou plus ou présentant une ou plusieurs pathologies chroniques, ainsi qu'environ 250 000 personnes vivant en situation de grande précarité sont également considérées comme étant prioritaires.
Par ailleurs, 5 millions de personnes sont considérées comme « prioritaires en second lieu » : les personnes vivant dans les départements et régions d’outre-mer en cas de risque de pénurie de lits de réanimation, les personnes vivant dans des établissements fermés à risque accru de transmission (prisons, établissements pour personnes en situation de handicap, hôpitaux psychiatriques) et les personnels ayant un emploi dit stratégique (policiers, sapeurs-pompiers volontaires, sapeurs-pompiers professionnels et militaires actifs).
Des vaccins pourraient être disponibles d'ici à fin 2020
Concernant les modalités de mises en œuvre de la vaccination, l'avis souligne le rôle des professionnels de santé primaires (médecins généralistes, infirmiers et pharmaciens) pour assurer un haut niveau d’acceptabilité de la campagne de vaccination. Les membres des comités appellent à une stratégie de vaccination de vaccination non pas obligatoire mais plutôt basée sur la responsabilité de
chacun, et recommande notamment la tenue d’un registre pour faciliter le suivi des injections de rappel.
Plusieurs vaccins font l'objet d'essais de phase III, comme le vaccin de la société américaine Moderna et celui développé par l'université d'Oxford et AstraZeneca, et pourraient être autorisés chez l'homme dès la fin de l'année, selon les résultats obtenus. D'ores et déjà, la France négocie des « contrats de réservation », comme c'est le cas avec AstraZeneca, pour précommander un certain nombre de doses de vaccins. « On s’attend à avoir plusieurs dizaines de millions de doses de vaccins (potentiellement correspondant à 2-5 produits différents) disponibles entre le dernier trimestre de l’année 2020 et le premier trimestre de 2021, qui pourraient être déployées s’il survient une seconde vague de Covid-19 », est-il indiqué.
« Un vaccin contre le Covid-19 offre de réels espoirs, mais l’adhésion de nos concitoyens à la vaccination est à construire, est-il souligné dans l'avis. La communication doit être transparente sur les procédures ayant permis l’accélération de la mise sur le marché sans être au détriment de la sécurité, sur les incertitudes et les fondements scientifiques des recommandations ».
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