Alors que l'épidémie se poursuit, le gouvernement pourrait réduire la période d'isolement des malades du Covid-19 et des cas contacts, jugeant que la durée préconisée actuellement (14 jours) est « trop longue ». Le ministre de la Santé Olivier Véran a expliqué le samedi 5 septembre avoir sollicité l'avis des autorités scientifiques sur cette question.
Le Conseil scientifique a remis son avis le jeudi 3 septembre au gouvernement, mais celui-ci n'a pas encore été rendu public. Selon le « JDD », il plaide pour un raccourcissement à sept jours de cette durée d'isolement.
Un raccourcissement qui ne fait pas consensus
« Au-delà du 7e jour après les premiers signes, la charge virale et par conséquent le risque de transmettre le virus sont faibles », abonde Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l'AP-HP, sur Twitter. Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, une durée de cinq jours pourrait même être suffisante. « Au-delà de cinq jours, moins de 10 % des porteurs de virus non symptomatiques sont contagieux », écrit-il sur le réseau social.
En revanche, l'épidémiologiste Catherine Hill, interrogée par l'AFP, ne partage pas cet avis : « Il n'y a pas de justification à ce raccourcissement. » Pour elle, l'urgence est plutôt de trouver les 80 % de cas qu'on ne détecte pas aujourd'hui.
Pour une meilleure acceptation de la mesure
Selon Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, qui s'est exprimé au micro de LCI, « il vaut mieux huit jours bien respectés que 14 jours mal respectés ». Au vu du peu de contrôle mis en place, « on a du mal à savoir si les Français respectent les mesures d'isolement », estime-t-il. Les remontées de terrain révèlent néanmoins une situation compliquée. « Plus c'est court, plus c'est facile à observer, plus c'est efficace. On ne peut pas prétendre au risque zéro, mais la mesure serait mieux acceptée socialement », considère également Antoine Flahault dans le « JDD ».
Le respect des mesures d'isolement représente néanmoins un défi, quelle qu'en soit sa durée, alerte Rémi Salomon sur Europe 1, qui appelle à réfléchir à des mesures économiques et des indemnités pour les populations précaires et les professions indépendantes, qui aujourd'hui peuvent craindre de se faire dépister par peur de devoir s'isoler et arrêter de travailler.
Mais si la réduction de la durée d'isolement pourrait limiter son impact économique, Catherine Hill déplore cette stratégie : « Une stratégie qui consiste à laisser le virus circuler, c'est une grenade dégoupillée, qui coûtera bien plus cher que de bien faire les choses. »
Pour le médecin de santé publique Martin Blachier, interrogé par l'AFP, le problème n'est pas tant la durée de la quatorzaine, mais les personnes concernées par cette mesure : il estime que 90 % des quatorzaines sont inutiles, car elles concernent des cas contacts qui ne sont pas vraiment à risque.
Avec AFP
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