Passé au niveau 3 (sur 4)*, le protocole sanitaire appliqué dans les établissements scolaires est-il en mesure de freiner la circulation du Sars-CoV-2 chez les enfants et les adolescents ?
Alors que l’incidence du Covid-19 était en semaine 47 en hausse de 92 % chez les 6-10 ans et de 76 % chez les 10-19 ans pour atteindre, respectivement 663 et 344 cas pour 100 000 habitants (bulletin de Santé publique France), une partie de la réponse repose sur l’efficacité des dépistages mis en place dans les établissements scolaires.
Actuellement, les écoles appliquent un dépistage dit « réactif ». La détection d’un cas positif entraîne le dépistage de l’ensemble de la classe. Seuls les enfants positifs et ceux qui ont refusé le test restent chez eux une semaine. La classe ferme à partir de 3 cas positifs.
Pour évaluer la performance de ce dispositif, une équipe de l’Inserm a comparé ce protocole à un autre dit « itératif », recommandé à la fin de l'été par le Conseil scientifique à la suite des difficultés du dépistage l'année scolaire précédente. Il consiste en un dépistage hebdomadaire après lequel les élèves positifs sont renvoyés chez eux.
Première estimation de la transmissibilité en milieu scolaire
Ce travail de modélisation en prépublication s’est appuyé sur les données de dépistages menés dans les écoles lors de la vague Alpha au printemps 2021 et sur celles de contacts empiriques (contacts de proximité collectés par des puces à radiofréquence). Il fournit ainsi une « première estimation de la transmissibilité en milieu scolaire, suggérant que les contacts au sein des écoles augmentent le potentiel de transmission du Sars-CoV-2 par rapport à la communauté », soulignent les auteurs.
Pour la vague Alpha, ils ont estimé le taux de reproduction en milieu scolaire à 1,40 au primaire et 1,46 au secondaire, des taux supérieurs à celui observé en population générale. Pour la vague Delta, caractérisée par une transmissibilité accrue et un démarrage de la vaccination des adolescents, le taux de reproduction est évalué à 1,66 et 1,10.
Dans ces conditions, le dépistage réactif permettrait d’éviter moins de 10 % des cas, contre environ un tiers des cas avec un dépistage itératif chez 75 % des élèves (34 % au primaire et 36 % au secondaire, par rapport aux tests basés sur les symptômes). Un dépistage bihebdomadaire permettrait d’éviter plus de la moitié des cas.
Les modélisations fournissent également un éclairage sur le nombre de jours de classes perdus selon les différents protocoles, alors que l’enjeu est de maintenir les établissements ouverts, même en cas de forte reprise épidémique. « Bien que les tests réguliers soient capables de détecter plus de cas que la détection basée sur les symptômes, ils réduisent le nombre de jours perdus », relèvent à ce sujet les auteurs.
Deux explications sont avancées : le dépistage itératif permet un isolement ciblé et assure un meilleur contrôle de l’épidémie en brisant les chaînes de transmission, tandis que le dépistage réactif entraîne un sous-repérage des cas freinant moins efficacement la progression de l’épidémie.
La vaccination en complément du dépistage
Mais, malgré ses bénéfices, le dépistage itératif implique une adhésion forte et durable des élèves. Lors d’une expérimentation au printemps dernier, dont les résultats n’ont pas été publiés, l’adhésion à un test hebdomadaire s’élevait à une médiane de 53 %, un taux insuffisant pour un dépistage performant. L’introduction de tests réguliers dans le contexte actuel devrait ainsi s’accompagner d’un renforcement des « stratégies pour la communication et l'engagement de la communauté scolaire afin d’augmenter considérablement la participation et la maintenir au fil du temps », jugent les auteurs.
La vaccination des 5-11 ans doit également être envisagée, selon eux. Même « une couverture vaccinale modérée chez les élèves bénéficierait toujours au dépistage régulier », poursuivent-ils. Dans une communauté scolaire où 50 % des enfants seraient vaccinés, le dépistage itératif réduirait de 23 % le nombre de cas. Une extension de la couverture vaccinale des élèves et des tests réguliers avec une forte adhésion sont « des étapes essentielles pour garder les écoles ouvertes, en particulier avec la menace de variants plus contagieux », concluent-ils.
*Dans le primaire, le niveau 3 signifie - par rapport au niveau 2 - une obligation du port du masque en extérieur, des nouvelles restrictions durant les cours de sport (suspension des activités « de contact ») et à la cantine. Il n’implique pas de changement dans les collèges et lycées.
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