QUEL EST le message de la candidate des écologistes ? Ele se dit particulièrement offusquée de l’intervention de l’industriel Areva au sujet du mox, ce carburant couramment utilisé en France pour la production d’électricité d’origine nucléaire ; de ce que François Hollande ait semblé obtempéré au « diktat » de l’industrie ; de ce que, en somme, pour les socialistes, la protection de l’environnement ne soit pas la priorité et de ce que la crise ait fait fondre les velléités environnementales du PS. Ancien juge d’instruction qui excella contre des hommes politiques compromis dans des « affaires », Mme Joly a rejoint l’action politique il y a quelques années à peine et a adopté l’écologisme avec une passion exclusive où l’on retrouve tous les accents « saint-justiens » de l’ancienne magistrate. C’est une pure et dure. C’est aussi une dogmatique qui ne semble pas accepter la diversité des opinions dans une démocratie, pas plus qu’elle ne souhaite céder sur les principes envionnementaux qu’elle a fait siens, au mépris, peut-être, de la faisabilité de son programme dans un pays gravement atteint par une crise longue et pénible, la plus grave depuis 1945.
UN MÉLANGE DE DOGME ET D’EGO
Se trompe-t-elle d’adversaire ?
D’autres écologistes, de Noël Mamère à José Bové, en passant par Cécile Duflot, nous avaient habitués à un langage militant qui condamne la droite en toute occasion et ne lui voit pas plus de vertu qu’au Front national ; qui présente des idées absolutistes ne souffrant aucune nuance ; qui décrit des convictions inébranlables ; qui fait un procès d’intentions permanent contre la majorité actuelle ; et qui ne semble pas vraiment compatible avec un discours plus prudent. Les écolos, dit-on parfois à droite, sont des trotzkistes. Excessif ? En tout cas, ils ont érigé en dogme le respect de la planète que, comme le disent leurs détracteurs, non sans méchanceté, ils semblent aimer plus que les gens qui y vivent. Eva Joly est d’abord, pour tous ceux qui veulent bien s’intéresser à son étrange performance, une femme qui ridiculise ses propres amis en se montrant plus écologiste qu’eux ; qui, comme elle l’a fait avec ses mis en examen d’autrefois, n’hésite pas à traiter ses cousins socialistes par le mépris : elle estime que François Hollande est taillé dans le bois dont on fait les marionnettes. De sorte que, excédé, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée, lui a demandé de ne pas se tromper d’adversaire. « Pas une fois, s’est-il écrié en commentant ses toutes récentes interventions dans les médias, elle n’a attaqué Sarkozy ! ».
Mais bien sûr, M. Sarkozy est l’ennemi, bien sûr, Mme Joly, quand elle parle, défend des idées diamétralement opposées à celles de la droite, bien sûr, elle aura l’occasion de s’en prendre à la majorité. Et si elle a hésité à dire qu’elle voterait Hollande au second tour de la présidentielle, c’est parce que personne ne peut jurer qu’elle n’y sera pas présente. Le dogme plus l’ego. Eva Joly, c’est ça. D’une certaine manière, tant de candeur militante, tant de passion de néophyte, tant d’irréductible fanatisme, c’est rare et même introuvable dans le monde politique. D’une autre manière, les mêmes traits de caractère sont inquiétants : pour nous, les électeurs, qui n’avons pas à être traités comme des écoliers malfaisants qu’il faudrait dresser et châtier ; pour son parti, qui n’aura jamais la moindre influence s’il ne passe pas des accords avec le puissant PS ; pour le pays qui, s’il subissait la cure que lui promet Eva Joly, sombrerait sans doute dans la misère.
Alors, c’est grave ? Si déconcertante qu’elle soit, Mme Joly ne devrait pas laisser sa trace dans l’histoire, ne serait-ce que parce que ses idées sont inapplicables en l’état. Et parce qu’elle fera, comme d’autres candidats, son petit premier tour, sera battue et rentrera dans le rang ou changera de carrière. Et les socialistes, s’ils l’emportent, accepteront avec parcimonie quelques grains d’écologisme mais pas toute la quantité qu’offre EELV, lequel vivra une meilleure vie parlementaire grâce au groupe qu’il pourra former à l’Assemblée. Chassez le compromis, il revient au galop.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité