« Nos analyses le prouvent, les cigarettes électroniques sont loin d’être les gadgets inoffensifs qu’on nous présente. Ce n’est pas une raison pour les interdire. C’est une raison pour mieux les contrôler », déclare Thomas Laurenceau, rédacteur en chef du magazine de l’Institut national de la consommation (INC), « 60 Millions de consommateurs ». Dans son numéro du mois de septembre, la revue publie les résultats d’une étude au « protocole » inédit réalisé au centre d’essais de l’INC sur six marques (10 produits) de e-cigarettes.
« Jusqu’alors, les études menées sur les vapeurs de e-cigarettes n’avaient jamais mis en évidence de molécules cancérogènes », note la revue. L’INC affirme que si ces analyses ont pu révéler la présence de « substances potentiellement cancérogènes », c’est grâce à son « approche originale » qui ne s’est pas limitée à comparer les vapeurs de l’e-cigarette et celles de sa version conventionnelle mais qui a cherché à déterminer précisément la composition des « e-vapeurs ». Pour cela, l’INC n’a pas utilisé une machine à fumer mais « a élaboré une installation capable de simuler le fonctionnement d’une cigarette électronique et de recueillir l’ensemble des composés émis tout en limitant les possibilités de condensation de ces substances sur les parois des tubes de l’installation ».
Formaldéhyde, acroléine et acétaldéhyde
Résultats. Parmi les molécules détectées dans les vapeurs de certaines e-cigarettes, 3 sont « particulièrement préoccupantes », souligne l’INC. Le formaldéhyde (formol), polluant de l’air intérieur classé dans la liste des produits cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), est présent dans tous les produits testés, jetables ou rechargeables, contenant de la nicotine. Dans 3 cas sur 10, les teneurs « flirtent même avec celles observées dans certaines cigarettes conventionnelles », souligne la revue. L’acroléine, une molécule « très toxique par inhalation et par ingestion » est présente dans les vapeurs de 6 des 10 produits testés, avec ou sans nicotine, parfois à des teneurs dépassant celles émises par les cigarettes conventionnelles (cigarette E-roll). L’acétaldéhyde enfin, classé cancérogène possible pour l’homme par le CIRC, est également retrouvé, « à des teneurs parfois loin d’être négligeables ».
Les analyses montrent aussi la présence de métaux dont certains « potentiellement toxiques » comme dans le cas de cigarette Cigartex qui libère autant de nickel et de chrome qu’une vraie cigarette et dans la Cigway jetable qui libère plus d’antimoine.
Étiquetage trompeur
Par ailleurs, l’étude révèle que « les compositions des e-liquides affichées ne sont pas toujours fiables » avec parfois des écarts très importants, « jusqu’à 70 % (à la baisse dans tous les cas) », entre les teneurs en nicotine indiquées sur les emballages et certaines valeurs mesurées. Même chose pour certaines substances comme le propylène glycol qui parfois n’est même pas mentionné sur l’étiquette.
L’INC a alerté la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). « Les résultats de cette étude invitent, a minima, à un contrôle plus strict de ces produits », souligne la revue qui rappelle cependant les restrictions déjà prévues : interdiction de vente en pharmacie, interdiction de vente aux mineurs, interdiction du « vapotage » dans les lieux publics, interdiction de la publicité. Le gouvernement s’y est engagé.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité