Plus d'un tiers des professionnels de santé (36 %) n'aborde jamais la question du tabagisme avec leurs patients fumeurs, révèle une enquête de l'ACT-Alliance contre le tabac*, rendue publique à l'occasion du Mois sans Tabac. Et la moitié d'entre eux (49 %) ne le font qu'occasionnellement, alors que la Haute Autorité de santé (HAS) recommande le dépistage de l'usage du tabac de manière systématique depuis 2014.
Malgré l'ouverture de la prescription de substituts nicotiniques aux infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes et sages-femmes le 1er janvier 2016, ces non-médecins ne sont à l'origine que de 14 % des prescriptions d'aide à l'arrêt en 2020.
Autre constat : il y aurait une différence entre les sexes dans l'accès à un accompagnement. Seulement 57 % des femmes estiment qu'une aide est facile à décrocher, contre 66 % des hommes (et une moyenne de 61 %), ceci alors qu'elles sont 20 000 chaque année à décéder des suites du tabagisme, deux fois plus qu’il y a 20 ans.
Une image de plus en plus négative
L'ACT se félicite néanmoins que les Français soient de plus en plus nombreux à avoir une image négative du tabac (78 % en 2022 ; + 6 points depuis 2020). Y compris au sein des fumeurs (53 %).
Au-delà du produit, c'est l'industrie que l'opinion publique désapprouve, puisque 86 % des Français estiment qu'elle est trop puissante face aux acteurs de la lutte contre le tabagisme, soit +6 points depuis 2020. Ils sont 74 % à s’accorder pour dire qu'elle va à l'encontre des droits humains en vendant un produit addictif, soit +9 points en deux ans ; 83 % des répondants jugent juste la lutte contre le tabac. Ce qui n'empêche pas 68 % des Français, et 84 % des fumeurs, de considérer que fumer est une liberté individuelle à respecter.
« Loin d’être une liberté, le tabagisme est avant tout une dépendance, une maladie qui nécessite une prise en charge médicale. Si l’on souhaite atteindre l’objectif d’une génération sans tabac d’ici à 2032, les pouvoirs publics doivent plus que jamais soutenir et donner les moyens à la société civile de poursuivre le travail amorcé », commente Marion Catellin, directrice de l’ACT. Et de rappeler que la hausse de la fiscalité est le premier levier pour protéger contre le tabagisme, même si les trois quarts des fumeurs y sont défavorables.
* Enquête réalisée par BVA auprès d'un échantillon représentatif de 1 000 personnes âgées de 15 ans et plus, de novembre 2020 à novembre 2022
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