Dangereux pour la santé, les pesticides ? Pour les praticiens des régions viticoles ou de pomiculture intensive, la réponse ne fait guère de doute. Certains évoquant volontiers la fréquence accrue de certains cancers ou des maladies neuro dégénératives au sein même de leur patientèle. Un solide sixième sens frappé du sceau de l'expérience et de l’évidence, mais qui pourtant reste un raisonnement au doigt mouillé, pas suffisant pour épuiser la question. Avec une pointe de cynisme, le nouveau ministre de l’Agriculture l’a rappelé récemment : « C'est aux scientifiques de faire la preuve ou non qu'il y a des conséquences à l'usage des pesticides ou pas ». Crûment, c’est mettre en demeure les experts d’établir un lien de cause à effet entre l’usage larga manu de produits phytosanitaires et des pathologies sous-jacentes.
Pas si simple. Car si les présomptions s'accumulent, les preuves formelles sont encore à établir. Et pour les chercheurs, la mission est presque impossible, en tout cas dans des délais compatibles avec la rigueur qui convient aux méta-analyses. Pourtant – si l'on met entre parenthèses l’affaire des bébés sans bras de l’Ain qui reste non élucidée — c’est avec des raisonnements de ce genre que les pouvoirs publics ont autorisé le chlordécone dans les bananeraies des Antilles jusqu’en 1993 (près de 20 ans après son interdiction aux États-Unis !) avec les conséquences dramatiques que l’on sait. Les atermoiements autour du glyphosate sont une autre illustration de la difficulté d'évaluer les risques, alors que toutes les instances de recherche ne sont pas forcément sur la même longueur d'onde et que les lobbies s'en mêlent. Mais pourquoi le candidat Macron a-t-il fait de l'arrêt du Roundup une promesse, alors que la France semble hésiter aujourd'hui ?
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