L’ACADÉMIE de médecine a consacré sa séance de ce mardi aux aspects sociaux de la réanimation d’adultes. Un sujet qui méritait d’être traité à en croire les communications présentées sur les troubles psychiques des malades pendant et après leur séjour en réanimation, sur l’épuisement professionnel des soignants et sur les difficultés de communication avec les familles.
Pour les patients, l’hospitalisation en réanimation est source d’agressions physiques et psychologiques. La dépression est fréquente et des troubles psychiatriques délirants et confusionnels existent dans près de la moitié des cas (hallucinations, agitation, stupeur). Après le séjour, des symptômes anxiodépressifs sont fréquents, mêlés aux symptômes du stress post-traumatique qui touche un malade sur quatre après la sortie.
Les soignants, de leur côté, sont souvent atteints de burnout. L’épuisement professionnel est présent, selon des études récentes, chez près de la moitié des médecins et un tiers des infirmières. Parmi les premiers, les plus exposés sont ceux qui ont globalement le plus d’heures de travail (nombre de gardes de nuit et temps écoulé depuis les dernières vacances). Pour les deuxièmes, les facteurs déterminants sont l’organisation du service et les caractéristiques de la politique vis-à-vis des patients en fin de vie. Dans les deux cas, les conflits de personnes jouent un rôle non négligeable.
Carte de confiance.
De ces constats découlent les recommandations présentées par Jean-Roger Le Gall. Pour éviter ou diminuer les symptômes d’anxiété, de dépression et d’états confusionnels chez les patients, il faut diminuer le bruit, limiter la lumière la nuit, favoriser la présence de la famille 24 heures sur 24. Pour éviter l’état de stress post-traumatique, la mise en œuvre d’un carnet de bord des événements du séjour et ultérieurs pourrait se révéler utile.
Contre l’épuisement des soignants, il est recommandé de diminuer les heures de travail, ce qui est plus facile à dire qu’à faire, d’adopter une politique claire et concertée vis-à-vis des patients en fin de vie et, surtout, de prévenir les conflits par des réunions fréquentes et communes aux infirmières et aux médecins.
Quant aux membres des familles, qui souffrent aussi d’anxiété et de dépression, il faut s’astreindre à les informer et à communiquer avec elles, en particulier lors des décisions de limitation ou d’arrêt des traitements.
L’Académie propose enfin de créer une « Carte de confiance », qui préciserait le nom et les coordonnées de la personne de confiance prévue par la loi du 4 mars 2002. Elle permettrait pour le patient une prise en charge plus sereine et moins anxiogène, pour la famille d’éviter les conflits entre ses membres et avec l’équipe soignante et pour les médecins et les infirmières un accès plus facile aux informations sur le patient, qui font souvent défaut dans l’urgence.
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