D’APRÈS UNE ESTIMATION nationale conduite par l’UMRESTTE (Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance Transport Travail Environnement), publiée le 6 mai 2008 dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », la route fait en France autant de blessés avec séquelles majeures que de tués, souligne le Dr Bernard Laumon, directeur de l’UMRESTTE.
Cette étude sur les personnes blessées non décédées recensées par le registre médical des victimes d’accident de la circulation routière du Rhône estime le nombre annuel moyen de blessés (toutes gravités) à 514 300, dont 41 000 piétons, 56 000 cyclistes, 12 000 usagers de deux roues motorisés et 277 000 automobilistes.
Sur l’ensemble de ces accidentés, on dénombre 60 800 blessés graves et 7 500 avec des séquelles majeures, alors que les personnes tuées sont au nombre de 7 400 par an sur la même période.
Chez les blessés graves de la route, qui ont des séquelles majeures, les traumatismes crâniens sont toujours prédominants particulièrement pour les piétons et pour les cyclistes, les traumatismes médullaires, les amputations, la perte de fonction des grosses articulations sont relativement plus fréquents chez les automobilistes et chez les usagers de deux roues motorisés.
La population la plus touchée par les accidents de la route sont les adolescents et les jeunes adultes (accès à la conduite automobile) et plus souvent les hommes que les femmes .
Cette étude révèle aussi que les blessés graves à deux roues motorisées sont désormais aussi nombreux que les blessés graves automobilistes (de l’ordre de 20 000) et les blessés graves cyclistes aussi nombreux que les piétons (de l’ordre de 6 000).
Pour les jeunes cyclomotoristes et les usagers de deux roues motorisés, le risque de survivre avec un handicap lourd est deux fois plus élevé que celui d’être tué.
Le devenir des victimes.
Pour les forces de l‘ordre, l’accident de la route est terminé lorsque les voies sont rendues à la circulation, pour les victimes et leurs proches l’accident de la vie ne fait que commencer. Le Dr Anne Laurent-Vannier (Chef du service de rééducation neurologique pédiatrique de l’Hôpital national de Saint-Maurice, présidente de l’association France traumatisme crânien) rappelle que le traumatisme crânien provoque des lésions cérébrales qui vont entraîner des séquelles plus ou moins nombreuses légères ou sévères et/ou durables. « Contrairement à ce qui se dit fréquemment, le pronostic de récupération après traumatisme crânien chez l’enfant n’est pas bon si les lésions sont diffuses et l’enfant jeune ou bien si les lésions concernent des zones stratégiques qui altéreront les capacités d’apprentissage, précise-t-elle. Il faut attendre plusieurs années avant de pouvoir faire un bilan définitif des séquelles. »
Chez l’adulte et l’adolescent, si les séquelles motrices, locomotrices et/ou neurosensorielles (difficulté à se déplacer, mauvaise coordination des gestes, troubles de l’équilibre, troubles de la vision …) sont facilement repérables, les séquelles cognitives, psycho-affectives et comportementales constituent un handicap plus difficile à appréhender.
Contrairement à ce qui se produit chez certains autres types de blessés, ce n’est pas seulement l’aspect physique qui est atteint mais aussi l’aspect intellectuel et comportemental. Troubles de mémoire et de l’attention, absence ou défaut de la communication, lenteur s’accompagnent de modifications du comportement (humeur instable, manque du contrôle de soi, impatience, défaut d’esprit critique, désinhibition…) qui peuvent provoquer une dévalorisation de soi, une baisse de la motivation… L’interaction de ces troubles physiques et cognitifs déséquilibre l’environnement relationnel et affectif de la personne cérébrolésée.
Les familles des traumatisés crâniens vivent une épreuve particulièrement pénible du fait du coma initial prolongé suscitant une inquiétude majeure, puis de l’espoir suscité par la sortie du coma et le début de la récupération. Lors du retour au domicile, les familles accueillent une personne qui n’est plus tout à fait la même, ni tout à fait une autre et qui doit progressivement se reconstruire.
Les associations de famille de traumatisés crâniens, regroupées en une Union nationale des associations de familles de traumatisés crâniens (UNAFTC), ont pour mission d’accueillir, écouter, soutenir et orienter les blessés et leurs familles, les orienter vers des centres de rééducation spécialisés de référence, défendre les intérêts et les droits des traumatisés crâniens sur le plan médical, médico-social, administratif et juridique.
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