Deux tiers des patients hospitalisés en réa pour grippe grave n'étaient pas vaccinés

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Publié le 22/10/2019

Crédit photo : S. Toubon

Avec environ 1 900 cas hospitalisés en réanimation, la dernière saison de grippe 2018-2019, malgré sa courte durée de 8 semaines, a été marquée par « une sévérité marquée », a rapporté hier le Dr Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires et vaccination de Santé publique France (SPF) lors de la conférence de presse présentant la nouvelle campagne d'information sur la vaccination antigrippale.

Le bilan de la surveillance de la grippe, publié conjointement pour l'occasion dans le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » (BEH), révèle également que la majorité des cas graves (83 %) étaient candidats à la vaccination avec au moins un facteur de risque de grippe grave. Il s'agissait à 52 % de patients âgés de ≥ 65 ans, à 29 % de sujets de moins de 65 ans ayant une ou plusieurs pathologie(s) chronique(s), à 1 % de grossesse et à 1 % d'obésité morbide. Autrement dit, seuls 17 % n'avaient aucun facteur de risque.

Près de 8 100 décès attribuables à la grippe

« Seulement 36 % des cas graves étaient vaccinés, a souligné le Dr Lévy-Bruhl. La vaccination est un moyen de diminuer l'impact de la grippe. L'an passé, près de 8 100 décès sont attribuables à la grippe ». En l'état de la couverture vaccinale (CV), la vaccination permet d'éviter 2 000 décès en moyenne chez les personnes de 65 ans et plus. Si l'objectif de CV fixé à 75 % par l'OMS était atteint, ce sont 3 000 décès supplémentaires qui pourraient être évités.

« Les personnes vaccinées sont beaucoup moins hospitalisées en réanimation », a relevé le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Si la CV des personnes à risque a augmenté de 1,2 point par rapport à 2017-2018, elle reste insuffisante : moins d'une personne fragile sur deux vaccinée (46,8 %) avec 51 % chez les 65 ans et plus et 29,2 % chez les personnes à risque de moins de 65 ans.

Les médecins, de bons élèves pour faire « barrière » à la grippe

La vaccination des professionnels de santé est aussi en question : « essentielle pour éviter la transmission de la maladie » afin de faire « bouclier autour des personnes les plus fragiles », a insisté le Pr Salomon. La CV des professionnels de santé en établissement est aussi en augmentation depuis 10 ans, mais reste faible, de l'ordre de 32 % à 35 %, respectivement dans les établissements de santé et dans les EHPAD.

Ce constat est tiré d'une enquête de SPF auprès de 167 établissements de santé et 558 EHPAD, réalisée en collaboration avec le CPias Nouvelle Aquitaine, qui a permis de comparer la CV en 2019 par rapport à ce qu'elle était en 2009 dans une étude nationale. 

L'évolution de la CV est contrastée en fonction des professions. Les médecins sont les mieux vaccinés avec un taux en progression, de 67 % dans les établissements de santé et de 75 % dans les EHPAD. Une hausse est également observée chez les sages-femmes (48 %, +27 points). Pour les infirmiers et les aides-soignants, les taux sont plus faibles, respectivement de 36-43 % et 21-27 %, et restent relativement stables, voire en baisse pour les aides-soignant(e) s en EHPAD.

« Les actions de proximité sont très efficaces pour augmenter la CV des soignants, a rapporté le Pr Salomon. Offrir la possibilité de se faire vacciner gratuitement sur le lieu de travail, voire dans le service, améliore les choses, ainsi que nommer un référent. L'émulation joue beaucoup, en particulier quand le chef de service et les personnes en responsabilité montrent l'exemple ».


Source : lequotidiendumedecin.fr