LA SURVEILLANCE des cas graves admis en réanimation, mise en place à l’occasion de la pandémie liée à l’émergence du virus A(H1N1)2009, a permis, pour la première fois cette année, un suivi en temps réel de la morbidité et du profil des personnes atteintes. Le système, conçu d’abord pour comme un réseau sentinelle, constitué d’au moins un service de réanimation adulte et pédiatrique par région, a été étendu, dès le début 2011, à l’ensemble des services de réanimation, suite aux signaux préoccupants provenant du Royaume-Uni, où le nombre de cas graves était déjà particulièrement élevé. Selon le bilan présenté dans le « BEH » (N° 37-38, 11 octobre), 789 cas graves ont été signalés, en majorité lié au virus A(H1N1)2009. Par rapport au 1 334 admissions en réanimation ou unités de soins intensifs en France lors de la pandémie de 2009, le nombre de cas grave a donc été divisé par deux. La baisse a été beaucoup plus forte dans le groupe des 5-14 ans, probablement « grâce à l’immunisation acquise l’an passé », suggèrent Isabelle Bonmarin et col. En revanche, comme lors de la saison pandémique, la majorité des formes graves a concerné les sujets de moins de 65 ans (82 %). Les taux d’incidence les plus élevés ont été observés chez les enfants de moins de 1 an (52,6 pour 1 000 000). Ces nourrissons ont d’ailleurs été les plus touchés, quelle que soit la souche grippale, ce qui souligne « la vulnérabilité de cette tranche d’âge et la nécessité de la protéger (vaccination des personnes ayant des facteurs de risque, mesures barrières et prise en charge rapide dès l’apparition des symptômes pour les nourrissons) », explique Christine Saura, directrice du département des maladies infectieuses à l’InVS.
Vaccin efficace à plus de 70 %.
Les taux d’incidence chez les 1-4 ans et chez les 15-64 ans et enfin chez les seniors, a été respectivement de 15,6, 14,9 et 14,3 pour 1 000 000. Dans ces tranches d’âge, « il y a encore probablement beaucoup de sujets réceptifs au virus A(H1N1)2009, car 70 % de la population (données non publiées) ne semblait pas protégée à la fin de la première vague », soulignent Isabelle Bonmarin et col. Cette situation devrait se répéter avec la circulation possible du virus A(H1N1)2009 cet hiver. « On peut donc s’attendre à la persistance d’un nombre de cas graves supérieur à ce qui était observé avant la pandémie », poursuivent-ils.
Parmi les cas graves, 62 % avaient un facteur de risque de grippe compliquée, une proportion plus élevée chez les plus jeunes. La proportion d’obèses et de femmes enceintes (avec ou sans comorbidités) était de 5 % et de 20 %.
Les formes graves observées en 2010-2011 sont marquées par une proportion plus élevée de syndromes de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et de recours à l’oxygénation extracorporelle (ECMO), avec une létalité comparable (19 %, soit 151 décès). Les auteurs soulignent qu’il n’a pas été observé d’association entre la prise précoce d’antiviraux et la gravité, mais que la moindre fréquence des SDRA, des ECMO et des décès chez les cas traités « sont en faveur d’une protection ». Ils notent aussi la faible proportion des cas graves ayant reçu des antiviraux (17 %) qui, selon eux, « fait craindre une faible utilisation de ces médicaments chez les sujets à risque qu’il faudrait peut-être corriger ».
L’analyse du statut vaccinal des cas graves confirmés a permis de confirmer la bonne efficacité du vaccin pour éviter les formes graves à 72 % chez les seniors et à 80 % chez les moins de 65 ans porteurs d’une maladie chronique.
L’ensemble de ces données montrent qu’il est « nécessaire d’améliorer les couvertures vaccinales chez les sujets à risque » et de « renforcer l’usage rapide des antiviraux », concluent les auteurs.
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