Intégrer la santé environnementale en consultation de médecine générale est devenu une nécessité « dans la mesure où c’est maintenant une préoccupation des Français », estime le Dr Laurent Chevallier, chef de l’Unité nutrition, médecine environnementale à la Clinique du Parc (Castelnau-Le-Lez).
Si les médecins restent encore mal (in)formés en prévention environnementale, « le généraliste ne peut plus s’exonérer » d’intervenir dans ce domaine, poursuit-il. Le chantier est vaste mais l’objectif est clair : « Il s’agit de tout faire pour aider les patients à limiter leur exposition aux substances toxiques », au premier rang desquelles, les perturbateurs endocriniens et leurs effets cocktail, souligne le Dr Chevallier. Auteur de plusieurs ouvrages en santé environnementale*, il insiste sur quelques messages simples mais indispensables à délivrer en consultation. Au niveau de l’alimentation, le Dr Chevallier encourage d’abord les généralistes à « défendre le bio par principe » afin de réduire l’exposition aux résidus de pesticides, en particulier dans les fruits et légumes. Le patient doit aussi être sensibilisé à la question des additifs et arômes alimentaires pour limiter leur présence dans les produits consommés. Sans oublier les emballages et ustensiles de cuisine où les matières plastiques sont à proscrire durant la cuisson des aliments.
Priorité à la femme enceinte
En matière d’environnement intérieur, la prévention comporte un large panel d’actions très basiques comme, remplacer les produits ménagers contenant des molécules dangereuses par des substituts plus sains à l’image du bicarbonate de soude, du vinaigre blanc ou du citron. « Il faut faire aussi attention aux vêtements. On considère aujourd’hui qu’un kilo de textile nécessite un kilo de produits chimiques », note le Dr Chevallier. « Penser à laver systématiquement deux fois des vêtements et sous-vêtements après achat devrait faire partie des recommandations délivrées par un médecin généraliste », évoque-t-il. Parmi les publics cibles, « la priorité des priorités, c’est la femme enceinte », souligne le nutritionniste qui recommande d’orienter ces patientes vers des « éco-labels » pour les aider à reconnaître plus facilement les bons des mauvais produits, en particulier le domaine des cosmétiques.
Pas de catastrophisme
« Le généraliste a ici un vrai rôle de conseiller en matière de prévention environnementale. Si les médecins n’entrent pas dans cette démarche, les gens ne vont pas forcément sérier les problèmes et cerner les actions à mener pour limiter les expositions », considère le Dr Chevallier. « Il ne s’agit pas de faire peur, ni d’entrer dans un certain catastrophisme mais d’aider les patients à acquérir des bons réflexes, trouver des solutions très pratiques et surtout les hiérarchiser », résume-t-il. « On a par exemple des doutes sur les crèmes solaires mais on n’en met que quelques semaines par an. Ce n’est pas du tout la même problématique d’exposition. De même, 74 % des vernis à ongles contiennent des perturbateurs endocriniens. Ces derniers ne vont pas passer à travers la peau mais par inhalation. Mais cette inhalation reste tout de même assez faible. Ce n’est pas pareil qu’un fond de teint », illustre-t-il.
* « Le livre antitoxique », éditions Fayard et Le Livre de Poche ; « Le guide antitoxique de la grossesse », édition Marabout.
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