La mise en place des centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) n'est pas un long fleuve tranquille partout en France.
Chaque ARS dispose en effet de sa propre grille de lecture des missions et des structures susceptibles d'être habilités CeGIDD, et tous les intervenants ne sont pas logés à la même enseigne.
Ainsi, en Ile-de-France, les acteurs de terrain fustigent le « saupoudrage » de moyens. L'ARS a en effet habilité 27 CeGIDD au 1er janvier 2016, dont 11 à Paris même. L'ARS Île-de-France fournit en effet 1,2 million d'euros, une somme inférieure à celles destinées aux centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) et aux centres d'information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CIDDIST), mais avec un plus grand nombre de lieux à financer doté de nouvelles missions.
L'enveloppe de l'ARS prend en compte les bilans sérologiques, mais pas les bilans rénaux ou la NFS pourtant systématiquement réalisés. Une rencontre entre responsables des CeGIDD et l'ARS est prévue le 20 octobre 2016, pour réévaluer les moyens nécessaires à la lutte contre l'épidémie dans la communauté des HSH.
Flou artistique au Pas-de-Calais
Dans le Pas-de-Calais, la situation est plus problématique. L'habilitation des CeGIDD a été confiée au conseil départemental qui a habilité les centres de planification familiale. Les anciens CDAG devaient poursuivre leur travail de dépistage via une convention signée avec le département… que les médecins attendent toujours.
Cette situation est loin de convenir au Dr Béatrice Loche, médecin responsable du centre de dépistage du centre hospitalier d'Arras. « Nous dépannons le centre de planification familiale qui n'est pas équipé pour le dépistage, il y a eu un magnifique cafouillage et une série de mauvaises décisions », regrette-t-elle.
D'autres responsables de CeGIDD sont au contraire satisfaits de la situation surtout dans les régions autrefois sous-dotées. Ainsi le Dr Guillaume Gras, du service de médecine interne et maladies infectieuses du CHU de Tour a vu ses moyens financiers passer de 200 000 à 450 000 euros lorsque le CDAG est devenu CeGIDD. « Cela correspond à ce que recevaient les centres de villes de taille comparable comme Rennes et nous avons donc demandé une enveloppe similaire qui nous a été accordée », précise le Dr Gras.
Rapprochement avec les CEPF
Les CeGIDD doivent assurer des missions communes avec les centres de planification familiale, comme la prescription d'une contraception d'urgence. Les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) ne sont pourtant pas censés faire partie du dispositif. Pour Bernard Jommier, « il est dommage que le planning familial ait été mis de côté ». Sur le terrain, la collaboration entre CeGIDD entre CPEF est souvent déjà bien établie. « Nous sommes dans le même bâtiment qu'eux, explique le Dr Gras, et je ne pense pas que nous aurions pu nous intégrer leur activité dans les CeGIDD dès cette année : ils sont plus nombreux que nous et ont plus d'activité entre les consultations de gynécologie les IVG par curetage, le conseil conjugal ou l'éducation autour de la contraception. Ils ont aussi un quadrillage territorial bien plus complet que le nôtre, poursuit-il, nous fusionnerons sans doute un jour nos activités, mais rien ne dit que ce ne sont pas les CPEF qui absorberont les CeGIDD plutôt que l'inverse. »
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