« La principale mise en garde du HCSP concerne le risque d’entrée en addiction nicotinique des adolescents et leur détournement vers le tabagisme ». Telle est l'une des conclusions de l’avis que vient de rendre le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), en réponse à une saisine de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA anciennement MILDT).
Le HCSP a procédé à une analyse de la littérature afin d’évaluer le rapport bénéfices-risques de la consommation de cigarette électronique et ses conséquences possibles sur la population générale.
L’utilisation de ce produit industriel récent et non pharmaceutique se veut une « alternative » au tabac et à l’acte de fumer, « un sujet de grande importance compte tenu de la mortalité et de la morbidité liée au tabac d’autant que l’e-cigarette est présentée comme un moyen d’aide au sevrage tabagique et que de nombreux utilisateurs y voient un espoir de sortir du tabagisme ».
Rapport bénéfices-risques nuancé
Les experts du HCSP soulignent que de ce point de vue, le rapport bénéfices-risques apparaît « nuancé » dans la mesure où « les quelques études scientifiques réalisées à ce jour (Caponnetto, Campagna et al. 2013 ; Bullen, Howe et al. 2013 ; Bullen, Williman et al. 2013 ; HAS, 2013) ne démontrent pas d’efficacité significativement plus importante à l’arrêt du tabac par comparaison aux substituts nicotiniques traditionnels comme les patchs ». Par ailleurs, la dernière enquête ETINCEL de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) montre que les fumeurs passés au vapotage exclusif « sont très peu nombreux », observe le HCSP. Seulement 1 % des utilisateurs d’e-cigarette ont arrêté de fumer.
La balance bénéfices/risques varie selon le profil. Le fumeur de tabac qui a recours à l’e-cigarette pour un sevrage tabagique, soit ne fumera plus ni tabac ni cigarette, soit ne fumera plus de tabac mais sera adepte de l’e-cigarette dépendant ou non de la nicotine, soit fumera et vapotera, cumulant les deux risques. L’autre profil est celui du non-fumeur qui, s’initiant au vapotage, risque très fortement de devenir dépendant et de passer au tabac. « Ce risque pourrait être particulièrement élevé chez les jeunes », insiste le HCSP. Mais, à ce jour, les données manquent pour quantifier précisément les risques.
Un risque de re-normalisation du tabac
L’avis relève toutefois que le bénéfice maximal attendu est l’arrêt du tabac et donc la fin de l’intoxication aux goudrons, aux carcinogènes et autres produits toxiques présents dans le tabac fumé. Les risques sanitaires portent sur l’initiation nicotinique (en particulier des plus jeunes), l’e-cigarette pouvant être un mode d’entrée dans une dépendance mais aussi dans le tabagisme, le maintien sous dépendance nicotinique, l’exposition sur une longue période aux produits contenus dans l’e-cigarette dont on ne connaît pas la toxicité à long terme, le risque de re-normalisation de la consommation de nicotine qui pourrait à terme favoriser de nouveau l’usage du tabac dans la société.
En conséquence, le HCSP recommande une observation périodique des niveaux et modes de consommation de la e-cigarette et du tabac grâce à l’organisation d’une coordination et la mise en place d’outils de régulation et de suivi. Le Haut conseil souhait la réalisation d’études notamment sur la toxicité et sur le marketing des industries. Le HCSP note que les entreprises de e-cigarettes pourraient être rachetées par l’industrie du tabac. Le public doit être informé sur les risques ou sur la méconnaissance des risques. Il convient aussi de communiquer sur l’interdiction de vente aux mineurs des e-cigarettes et sur le risque du vapotage pour la femme enceinte. Le HCSP demande aussi que la présence de nicotine et de sa concentration dans les e-liquides soit régulièrement contrôlée. Enfin, le Haut Conseil insiste sur la mise en place de mesures pour contrer la « renormalisation » de la consommation de nicotine inhalée ou fumée.
Michel-Edouard Leclerc, patron de l’enseigne de grande distribution, a déclaré ce week-end sur la radio RTL vouloir vendre des substituts nicotiniques, notamment des patchs, dans ses supermarchés. « Ce que je propose, ce n’est pas de les mettre en tête de gondole entre les petits pois et la charcuterie. Ce que je veux, c’est que ce soit vendu sous le contrôle d’un pharmacien, dans nos parapharmacies, dans des circuits qui se font plus concurrence, pour que ce soit moins cher » , a-t-il expliqué.
Le taux de micro/nanoplastiques dans l’athérome carotidien est associé à la sévérité des symptômes
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé