Alors que la France vient juste de mettre en place des contrôles quotidiens à l’arrivée du vol direct Conakry-Paris pour prévenir le risque de venue d’un patient contaminé par le virus Ebola, le Dr Isaac Bogoch de l’université de Toronto, et ses collègues, ont publié mardi sur le site de « The Lancet » une étude dans laquelle ils estiment que des contrôles au départ des passagers originaires d’Afrique de l’Ouest étaient potentiellement bien plus efficaces que ceux pratiqués une fois les voyageurs parvenus à destination.
De gros efforts pour un bénéfice marginal
Selon les auteurs, « les contrôles des voyageurs au départ des aéroports de Guinée, du Liberia ou de Sierra Leone pourraient être la barrière la plus efficace contre le risque de propagation, mais il va falloir une aide internationale pour qu’ils soient correctement réalisés. » En revanche, des contrôles à l’arrivée représenteraient un énorme effort pour un bénéfice marginal. Ils devraient avoir lieu dans les 15 aéroports ayant une connexion directe, et dans les 1 238 villes où atterrissent des voyageurs originaires de la zone épidémique, après une correspondance. En moyenne, il faudrait examiner l’itinéraire de 2 512 voyageurs pour identifier un seul d’entre eux effectivement originaire d’un des trois pays d’Afrique de l’Ouest concernés. Enfin, les vols directs provenant de Sierra Leone, de Guinée ou du Liberia ont une durée moyenne de 2,7 heures, ce qui rend peu probable l’apparition de symptômes au cours du vol chez un patient asymptomatique au départ.
2,8 malades par mois en l’absence de contrôles
Les auteurs ont également évalué le nombre de malades susceptibles de prendre l’avion chaque mois en l’absence de tout contrôle. En tout, 2,8 patients qui risquent de quitter la zone épidémique chaque mois sans être diagnostiqués.
Pour parvenir à ce chiffre, ils ont tout d’abord collecté les données sur l’intégralité des vols prévus entre septembre et décembre 2014, fournies par l’association internationale des transports aériens, puis les ont croisées avec celles des registres compilant les itinéraires des voyageurs en 2013. Ils ont ainsi « prédit » les mouvements de population du dernier semestre 2014.
En couplant cette évaluation avec les prévalences observées entre le 1er et le 21 septembre 2014, les auteurs ont mesuré le risque d’exposition au virus par passager et sont parvenus à ce chiffre de 2,8 malades transportés par mois malgré une forte réduction du nombre de vols depuis un an : - 51 % pour le Liberia, - 66 % pour la Guinée et - 85 % pour la Sierra Leone. Concernant la destination des voyageurs, 64 % d’entre eux vont se rendre dans un pays en voie de développement où un malade aura plus de risques de créer un nouveau foyer épidémique.
Un chiffre surévalué, mais un avertissement à prendre en compte
Depuis le début de l’épidémie, seuls deux voyageurs infectés par le virus Ebola ont été diagnostiqués en dehors des frontières de la zone épidémique : un aux États-Unis et un autre au Nigeria qui a, par la suite, contaminé un médecin à Lagos. Le taux de trois voyageurs malades par mois à donc de quoi surprendre et est probablement surestimé selon Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’Épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur. « Les origines géographiques et socio-économiques des malades font qu’ils ont moins de chance de prendre un vol international que les autres habitants », estime-t-il.
« Il y a quand même un sérieux avertissement à prendre en compte, alerte cependant Arnaud Fontanet, nous sommes dans une phase de croissance exponentielle de l’épidémie, avec un nombre de patients qui double tous les 20 à 30 jours. Le risque de transport d’un patient infecté va donc augmenter dans les mois à venir. »
Le taux de micro/nanoplastiques dans l’athérome carotidien est associé à la sévérité des symptômes
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé