À L’ÉGARD de M. Cohn-Bendit, les Verts n’ont même pas la reconnaissance du ventre. C’est tout de même grâce à lui qu’ils ont fait leur score remarquable aux élections européennes et sont apparus enfin comme un parti de gouvernement. Mais veulent-ils vraiment gouverner ? Dotés non pas d’une, mais de deux pasionarias, ils ne semblent heureux qu’au sein de leur parti. M. Cohn-Bendit n’a cessé de préconiser une ouverture des écologistes à d’autres mouvements politiques pour créer une majorité. Malheureusement pour lui, les écolos préfèrent l’expression tonitruante de leurs idées à leur application. Ils ont leurs femmes de tête : l’une, Cécile Duflot, est la théoricienne, celle qui s’exprime impeccablement, qui a le sens de la répartie, qui sait ramener le débat aux fondamentaux ; l’autre, Eva Joly, est implacable, joyeusement sectaire et méprisante pour toute la classe dirigeante. Elle s’est coulée dans l’écologisme comme on entre en religion. Arrivée tard à la politique, elle y trouve tout le sel qu’elle entend jeter sur les plaies des autres, après des décennies d’exercice de la justice qui l’ont rendue peu amène pour les puissants. Dans le climat de règlements de comptes qui marque le jeu politique partout dans le monde et pas seulement chez nous, elle est devenue adepte du jugement immédiatement exécutoire. Elle fait de la politique pour se venger des hommes politiques.
Meufs et mecs.
C’est certainement un hasard, mais il semble que, chez les Verts, les meufs s’y entendent pour larguer les mecs. M. Cohn-Bendit, avec qui, Mme Duflot « n’est pas fâchée », car sa rhétorique est largement un ton au-dessous de celle de son amie Eva Joly, nourrit pourtant une ambition sérieuse de conquête du pouvoir ; avec l’aide de mouvements idéologiquement peu éloignés, elle pourrait contribuer à la mise en place d’un gouvernement à forte connotation écologiste. Dany le Rouge n’aurait pas désapprouvé l’idée de M. Hulot de converser avec Jean-Louis Borloo. Mais voilà, les écologistes semblent voir dans ce genre de démarche quelque chose qui ressemble à un crime, ce qui indisposera les électeurs qui les comprennent mais souhaitent que leurs idées se moulent dans la réalité économique. On peut faire le pari que la carrière électorale de Nicolas Hulot fera long feu et que, si Daniel Cohn-Bendit est durablement écarté, EELV repoussera les propositions des socialistes dans le cadre d’un programme de gouvernement. On est tellement plus heureux dans l’opposition, et surtout dans le sectarisme, n’est-ce pas ?
LE SECTARISME DES VERTS RÉDUIT LES FAIBLES CHANCES DE BORLOO
Car le PS demeure ambigu au sujet de nos centrales nucléaires et ne semble pas vouloir rejoindre l’Allemagne dans sa décision d’éteindre à terme tous ses réacteurs. Certes, la tragédie de Fukushima a fait réfléchir tout le monde, en France et ailleurs. Certes, le problème des déchets reste insoluble. Mais on ne peut pas se débarrasser d’un système assurant 75 % de notre consommation d’électricité par un coup de baguette magique, et il y a tout lieu de craindre que le remplacement de l’atome par d’autres sources d’énergie augmentera la pollution et le réchauffement climatique. EELV a pourtant salué la décision d’Angela Merkel comme si elle n’était dictée que par des considérations écologiques.
Celui qui doit s’inquiéter de la réaction d’EELV aux propos de Nicolas Hulot, c’est, en définitive, Jean-Louis Borloo. Il a des qualités remarquables, il est passionné et sincère, il a beaucoup fait pour l’écologie quoi qu’on en dise, mais il n’ignore pas qu’une porte vient de se refermer sur une catégrie d’électeurs qu’il aurait pu tenter de séduire. L’assurance qu’il affiche cache mal son péché originel, celui d’avoir été l’un des ministres les plus fidèles de Nicolas Sarkozy jusqu’au moment où le poste de Premier ministre lui a été refusé. Dans la campagne qu’il a amorcée, il se situe comme le candidat certain qui ne peut pas dire qu’il est candidat, mais il ne semble pas percevoir le poids de son passé récent sur les ambitions qu’il exprime. Il se présente comme un homme consensuel alors qu’il a, objectivement, trahi son camp sans avoir d’influence sur celui d’en face. Le voici qui cherche à s’entendre avec Dominique de Villepin, lequel n’en a pas encore fini avec la justice. Ces manœuvres augmentent-elles sa crédibilité ?
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