Depuis 1985, la base nationale de pharmacovigilance a recensé 567 déclarations d’effets indésirables liés aux contraceptifs oraux. Quelque 13 décès liés à des accidents thromboemboliques artériels ou veineux ont été rapportés. La sous-notification est criante. La révélation par le Figaro mardi 15 janvier d’une étude menée de 1998 à 2012 par un CHU qui a souhaité rester anonyme, en apporte une nouvelle preuve.
Sur 47 accidents cardio-vasculaires graves, dont deux décès, potentiellement liés à la pilule, seuls 3 cas, dont aucun décès, ont été déclarés aux autorités. Soit un taux de notification de 5 %. Gérard Bapt, député socialiste spécialisé dans les questions de pharmacovigilance, dénonce l’attitude des médecins.
Comment peut-on expliquer un taux si bas de déclaration ?
Traditionnellement, on dit qu’il y a 10 % de déclaration, ce qui est déjà faible. En ce qui concerne la pilule, c’est encore moins que ce qui se fait communément. Cela pose un réel problème. Comment la pharmacovigilance peut-elle fonctionner si on ne renvoie pas les alertes, surtout quand les effets indésirables sont rares ?
J’en reste coi, je n’arrive pas à comprendre pourquoi en secteur hospitalo-universitaire, les médecins ne parviennent pas à déclarer. Certes, il y a le manque de temps. Mais dans le cadre d’un dossier d’un patient, lorsqu’on rédige un rapport, il devrait être possible de faire un mail au centre régional de pharmacovigilance.
Comment exiger ensuite des médecins libéraux, surchargés, seuls, de déclarer tous les effets indésirables ?
Peut-on parler de faillite de la pharmacovigilance ?
Non. C’est davantage une faillite de l’entrée des données, qui entraîne l’impossibilité, pour la pharmacovigilance, de se tenir au clair. On peut à la rigueur parler d’une faillite du système de la sécurité sanitaire, incapable de persuader les médecins de notifier les effets indésirables.
La sous-notification se confirme depuis l’affaire du Mediator, même si les raisons sont différentes. Quoique les premiers médecins qui ont vu Marion Larat, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), semblaient ignorer le risque thromboembolique de la pilule...
Le système de pharmacovigilance a-t-il gagné en efficacité depuis la loi Xavier Bertrand de décembre 2011 ?
La nouvelle agence (l’ANSM) prend son rythme de fonctionnement. Mais il reste des insuffisances dans la réforme du système. Il faudrait que la commission de la transparence (CT), qu’on a installée en 2004 au sein de la Haute autorité de santé (HAS), revienne dans le giron de l’ANSM.
C’est pourquoi j’ai demandé la tenue d’un conseil d’administration extraordinaire de l’ANSM. Il est prévu le 14 février. Le circuit de la décision doit être revu, ainsi que le système de veille et d’information. Publier des informations sur le site de l’agence ne garantit pas que les médecins sont informés. L’envoi de lettres longues et compliquées, par courrier, n’est pas non plus le meilleur moyen de communication.
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