DE NOTRE CORRESPONDANTE
SELON L’INSTITUT DE GÉOPHYSIQUE, la séquence sismique qui dévaste l’Emilie-Romagne pourrait durer des années. Entre deux répliques, les autorités locales tentent de dresser un bilan provisoire des dommages provoqués par les séismes des 20 et 29 mai.
Les pertes sont estimées à deux milliards d’euros tous secteurs confondus. Quelque 20 000 salariés ont déjà été mis à pied. La situation risque de devenir insupportable pour les petits patrons et les salariés déjà durement frappés par une crise économique sans précédent. Avant le tremblement de terre, les activités locales de cette région représentaient un point du PIB national. Soit l’équivalent de 16 milliards d’euros. « Nous allons devoir recommencer à zéro », se lamente Giovanni Messori, directeur général de la confédération des industriels de Modène.
Les industries biomédicales, le fleuron de l’Emilie-Romagne, ont été particulièrement touchées par le séisme. Créée il y a cinquante ans par Mario Veronesi, un pharmacien aujourd’hui octogénaire, l’industrie biomédicale regroupe ici 103 entreprises et compte 5 000 salariés. Le chiffre d’affaires annuel est estimé à 800 millions d’euros. Nombre de machines ont été écrasées par les décombres. « La chaîne industrielle a été interrompue. Nous ne pouvons plus produire le matériel indispensable à la survie des 45 000 Italiens qui suivent des traitements de dialyse » a déclaré Stefano Rimondi président d’Assobiomedica, l’association des entreprises de secteur.
La réplique du 29 mai a amplifié le désastre. De nombreux édifices sont réduits à néant, d’autres sont très gravement endommagés. Les architectes n’avaient pas toujours tenu compte des critères antisismiques. Du coup, les bâtiments se sont effondrés comme des jeux de cartes. C’est le cas de l’Artech implantée à Cavezzo, localité entièrement détruite par le séisme, spécialisée dans la distribution de dispositifs cardiaques. C’est cette entreprise qui avait importé le mini-cœur utilisé en mars dernier à Rome pour sauver un bébé de 16 mois. Après le séisme du 20 mai, les locaux étaient inaccessibles, la réplique les a réduits en poussière. « Tout a disparu, nos bâtiments n’existent plus » explique Roberto Blandino porte-parole de l’Artech. Le scénario est identique pour d’autres groupes ou laboratoires.
Face à cette catastrophe, le gouvernement de Mario Monti a décidé d’intervenir. Le paiement des cotisations sociales sera reporté à septembre pour limiter les licenciements. Et le fisc attendra la rentrée pour frapper à la porte des contribuables. La caisse des prêts et dépôts accordera des lignes de crédit exceptionnelles aux PME qui pourront délocaliser provisoirement leurs activités. L’Union européenne devrait intervenir. Ces mesures risquent d’être insuffisantes et le district biomédical de la région pourrait disparaître. D’autant que la terre ne cesse de trembler.
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