Prédire où auront lieu les prochains cas de paludisme pour mieux cibler les ressources dans la lutte contre cette maladie. C’est ce que propose de faire un projet de l’université de Californie - San Francisco (UCSF). L’objectif ? Rien moins que l’éradication de cette pathologie, qui tue environ 660 000 personnes par an. L’outil ? Google Earth !
La dernière fois que le géant de l’Internet s’était mêlé de prédire l’évolution d’une maladie, c’était la grippe. L’outil Google Flu Trends utilisait les termes entrés par les utilisateurs dans le célèbre moteur de recherche pour estimer la prévalence du virus. Les résultats étaient loin d’être concluants, et conduisaient à largement surévaluer le nombre de cas.
Données générées par les professionnels de santé
Dans le cas du projet de l’UCSF, les données ne seront pas générées par les internautes, mais par des professionnels de santé. Ceux-ci signaleront sur Google Earth les cas de paludisme qu’ils constateront, et ces informations seront croisées avec une multitude de facteurs climatiques et environnementaux : pluviométrie, températures, altitude, végétation, plans d’eau temporaires…
Le tout sera mouliné par des modèles élaborés par les chercheurs californiens, ce qui doit permettre aux autorités sanitaires de savoir où les prochaines transmissions devraient se produire. Ainsi, les distributions de moustiquaires et pulvérisations d’insecticides pourront se faire là où elles seront le plus utiles.
Éliminer les poches résiduelles de la maladie.
Comme l’a expliqué au « Quotidien » Hugh Sturrock, professeur assistant d’épidémiologie et de biostatistiques à l’UCSF et principal responsable du projet, cet outil est peu approprié là où le paludisme est endémique : dans ces pays, il faut « pulvériser des insecticides partout de toutes façons ». Mais il pourrait en revanche être d’un grand intérêt dans des contextes où la maladie existe dans des poches résiduelles, et risque de resurgir.
Éviter les résurgences
En effet, l’histoire montre que beaucoup de pays, après avoir déployé d’importants efforts pour lutter contre le paludisme, ont abandonné la partie avant l’éradication complète. Résultat : les foyers de transmission se sont reconstitués et la maladie est réapparue. Un article (1) publié dans le « Malaria Journal » en 2012 identifiait ainsi 75 cas de résurgence dans 61 pays depuis les années 1930.
L’outil développé grâce à Google Earth permettra aux Etats touchés de concentrer les ressources, généralement maigres, sur les zones qui en ont le plus besoin. « La cartographie des risques n’a rien de nouveau », explique Hugh Sturrock. Mais auparavant, c’était un outil statique, qui nécessitait de recourir à une expertise externe. Avec Google Earth, il est possible d’obtenir des cartes dynamiques, directement utilisables par le personnel de santé.
Le projet n’en est qu’à ses débuts, et il devra être testé dans le courant de l’année 2015 au Swaziland. Il pourrait être ensuite étendu à d’autres zones, et même à d’autres maladies. D’après Hugh Sturrock, ce sont des modèles similaires qui sont utilisés dans la lutte contre Ebola, par exemple.
Le taux de micro/nanoplastiques dans l’athérome carotidien est associé à la sévérité des symptômes
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé