Les Français, principalement les femmes, ne mangent pas assez de fibres, alors qu’un apport suffisant diminuerait leur risque de maladies cardio-vasculaires, d’obésité, de diabète et de cancer colorectal, selon l’étude NutriNet-Santé. « Un homme sur cinq (22 %) et une femme sur dix (12 %) seulement atteignent le seuil de 25 g/j, le minimum recommandé, ce qui est préoccupant sur le plan de la santé publique », constate le Pr Serge Hercberg (Inserm-Inra-Cnam-université Paris 13) qui coordonne cette vaste étude sur les comportements alimentaires. Parmi eux, seuls 10 % des hommes et 4 % des femmes atteignent le seuil recommandé de 30 g/j, ajoute-t-il en lançant un nouvel appel aux volontaires. Trois ans après son lancement, NutriNet-Santé regroupe 235 016 internautes et cherche plus de participants, en particulier des hommes, mais aussi des habitants de l’ouest et de l’est du pays, pour atteindre les 500 000 internautes.
Inégalités sociales
Globalement, les apports en fibres sont d’environ 20 g/j chez les hommes et 18 g/j chez les femmes. En dehors des différences entre hommes et femmes, les apports en fibres augmentent avec l’âge et le revenu. Ainsi les agriculteurs, les cadres et les titulaires d’un bac + 2 mangent plus de fibres que les employés, les ouvriers, les titulaires d’un bac professionnel et les personnes sans diplôme. Les apports en fibres sont, par ailleurs, moins élevés chez les hommes en surpoids ou obèses, alors qu’ils varient peu chez les femmes quel que soit leur poids. En revanche, les variations régionales sont « minimes », avec des consommations relativement plus faibles dans le Nord, l’Est et le Bassin parisien, et relativement plus élevées dans le Centre-Est.
Un pain de meilleure farine
« Cinq fruits et légumes (environ 400 g/j) apportent déjà en moyenne entre 16 et 20 g de fibres, le pain complet 5 à 6 g de fibres/100 g ; ajouter des légumes secs, des pâtes ou du riz complet permet d’arriver au seuil des 30 grammes quotidiens de fibres », selon le Pr Hercberg qui estime qu’un changement de farine pour fabriquer le pain blanc (avec un passage de la farine de type 55 raffinée à une farine 80 plus complète) permettrait une « consommation accrue de fibres dans la population, tout en rendant plus acceptable une diminution du sel ». « Cela fait des années qu’on en parle, mais rien ne bouge », déplore-t-il. Le chercheur se dit désormais « partisan d’une réglementation ou d’une loi qui impose ce changement au nom de la santé publique » car la consommation moyenne de pain des femmes est 92 g/j et de 129 g/j chez les hommes. Avec les légumes (21 %), le pain (et biscottes) fait partie des groupes d’aliments qui contribuent le plus à l’apport des fibres dans l’alimentation des Français.
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