En France, près de 23 000 cas de rougeole et 10 décès ont été notifiés entre janvier 2008 et août 2012. Pour ceux qui ne sont pas vaccinés, il est recommandé d’administrer des immunoglobulines humaines intraveineuses après confirmation biologique du cas contact, dans les 6 jours post-exposition.
La mesure s’adresse aux enfants de moins de 6 mois dont la mère a la rougeole, aux enfants de 6 à 11 mois non vaccinés dans les 72 heures post-exposition, aux femmes enceintes non vaccinées et sans antécédent de rougeole, aux personnes immunodéprimées – quel que soit leur statut vaccinal et leurs antécédents de rougeole. L’enquête publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), qui dénombre les patients concernés par ces mesures, a ciblé la délivrance d’immunoglobulines entre le 1er janvier 2010 et le 31 août 2011 (Adeline Bernier et coll.).
Au total, 267 des 368 pharmacies contactées ont répondu à l’enquête réalisée par voie postale. Les 267 pharmacies appartenaient à 246 hôpitaux. Parmi ces 246 hôpitaux, 55 (22 %) ont délivré des immunoglobulines à 400 patients. Certaines régions ont été davantage concernées que d’autres : l’Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais, les départements littoraux des régions Pays de la Loire et Poitou-Charentes, l’Alsace et le quart sud-est. La délivrance d’immunoglobulines a été la plus élevée dans le département du Rhône, avec 166 cas.
84 % de patients traités dans les 6 jours
L’âge des patients ayant bénéficié d’immunoglobulines en post-exposition était compris entre 1 jour et 86 ans. Plus de 55 % des patients étaient des enfants âgés de moins de 1 an. Chez les adultes, la classe d’âge 26-30 ans était la plus concernée. Parmi les enfants âgés de moins de 6 mois, 27 étaient âgés de moins de 1 semaine et 10 venaient tout juste de naître. Parmi les 250 patients pour lesquels l’information était disponible, 84 % ont bénéficié d’une administration d’immunoglobulines dans les 6 jours post-exposition, comme recommandé. Trois cas de délivrances très tardives (14, 21 et 30 jours après exposition) ont été observés.
Toutefois, le caractère confirmé ou non du cas de rougeole auquel avaient été exposés les patients ayant bénéficié d’immunoglobulines en post-exposition n’était renseigné que pour la moitié des patients (209/400). Seule la moitié des cas contacts des patients pour lesquels l’information était renseignée (101/209) était déclarés comme confirmés au moment de la délivrance des immunoglobulines. Pour 48 patients, les résultats des analyses ont été connus quelques jours après la délivrance des immunoglobulines.
« Dans le cas d’une maladie extrêmement contagieuse comme la rougeole, il semble approprié de privilégier la rapidité de la réaction à la confirmation biologique, surtout dans le cas d’une épidémie comme celle qui touche la France depuis 2008 », indiquent les chercheurs. Une enquête plus approfondie est actuellement en cours afin de déterminer notamment l’efficacité des immunoglobulines selon le délai post-exposition ou les raisons de leur délivrance en l’absence de confirmation biologique.
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