Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, actuellement en négociation avec les Européens afin d’obtenir le versement d’un prêt vital, a présenté jeudi les mesures qu’il compte prendre pour réformer le système de santé.
« Le grand changement sociétal permettant de sortir de l’ouragan de l’austérité va commencer par le secteur de la santé », a déclaré Alexis Tsipras, jeudi, lors de sa première visite au ministère de la santé. La Grèce doit présenter à l’Europe une liste de réformes chiffrées pour obtenir l’aide dont le pays a besoin, a réaffirmé sa volonté de soutenir le système de santé gravement touché par la crise depuis cinq ans.
Entre 2012 et 2015, le budget de la santé est passé de 5,28 milliards d’euros à 4,2 milliards d’euros. « Le système de santé est resté debout ces dernières années grâce au dévouement de médecins et infirmiers bénévoles », a loué Alexis Tsipras, qui a par ailleurs rappelé qu’« un citoyen grec sur quatre n’a pas de Sécurité sociale ». Le Premier ministre a répété que l’accès aux soins gratuits pour tous devait être garanti par l’État, et a ajouté qu’un nouveau projet de loi était à l’étude pour résoudre la délicate question des personnes sans couverture sociale.
Une première mesure, publiée dans le « Journal officiel » mercredi, est d’ores et déjà entrée en application : la suppression d’un ticket d’entrée de 5 euros dans les hôpitaux publics, mis en place par le précédent gouvernement. Le ministre de la Santé, Panagiotis Kouroublis, souhaite également revenir sur l’obligation pour chaque patient de débourser un euro pour chaque prescription.
Embauche de médecins, primes dans les déserts
Pour faire face à ce système de santé en déliquescence, Alexis Tsipras a annoncé l’embauche de 4 500 médecins, infirmiers et personnels paramédicaux, en priorité recrutés pour désenclaver les régions éloignées d’Athènes, comme les îles de la mer Égée et les montagnes du Nord de la Grèce. Dans cette optique, le gouvernement prévoit aussi d’encourager les jeunes médecins à s’installer dans ces zones avec des primes.
En outre, Alexis Tsipras a assuré qu’il allait tout faire pour la survie des hôpitaux psychiatriques, en manque de personnels et même menacés de fermeture avec la crise.
Le gouvernement compte également créer des fichiers patients électroniques pour un meilleur suivi et pour améliorer la communication entre les services de la Sécurité sociale. Les systèmes électroniques seront généralisés dans les hôpitaux et les pharmacies pour lutter contre les fraudes. « Nous ne laisserons passer aucun phénomène de corruption, de fraude, ou de gaspillage dans le domaine de la santé. Il ne doit y avoir aucune tolérance dans l’exploitation de la souffrance humaine », a insisté Alexis Tsipras.
Mais l’ensemble de ces mesures prises par la Grèce est-elle celle qu’attendaient ses créanciers ? Désireux que le gouvernement de gauche radicale n’augmente pas les recettes publiques, l’Union Européenne et le FMI risquent d’être surpris par l’annonce de ce programme.
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