UN JEUNE HOMME de 23 ans, Bradley Manning, analyste militaire, a été arrêté en mai dernier. Il est soupçonné d’être à l’origine des fuites. Mais il semble bien que Wikileaks ait d’autres informateurs. Il est tout à fait surprenant que, alertée depuis si longtemps, l’administration américaine n’ait pas été capable de verrouiller ses dispositifs de sécurité. Son impuissance va modifier l’échange des informations au sein du gouvernement fédéral et les relations entre les pays. Si on ne peut pas compter sur la confidentialité de ce que l’on dit à un État ami, on lui en dira beaucoup moins. Bien entendu, M. Assange invoque la liberté d’expression et la nécessité de faire la lumière sur le comportement des gouvernements. On ajoutera qu’il n’est pas insensible à la notoriété mondiale qu’il vient d’acquérir.
PLUS DES CONFIRMATIONS QUE DES RÉVÉLATIONS
Il y a moins de révélations dans ce qu’il a publié que d’éclairages sur le ton des divers courriers, libérés du langage diplomatique : par exemple, on apprend ce que le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Lévitte, pense du régime iranien (un « État fasciste ») et de Hugo Chavez, président du Venezuela, un fou qui va transformer son pays en « autre Zimbabwe ». Rien de vraiment bouleversant, sinon l’expression de la vérité brute dans un langage simple.
On trouve aussi, dans Wikileaks, et à propos de l’Afghanistan, le fait que le frère du président Hamid Karzaï, a été arrêté alors qu’il transportait 52 millions de dollars en liquide dans une valise. Personne n’ignorait toutefois que cet homme est l’un des plus corrompus de son pays. Selon d’autres messages, l’Iran a acheté à la Corée du Nord des missiles capables d’atteindre l’Europe occidentale (pas nouveau non plus, on pensait simplement que l’Iran avait construit lui-même de tels missiles). Le roi d’Arabie Saoudite a exprimé le souhait de « couper la tête du serpent » iranien, ce qui n’est pas gentil mais demeure conforme à ce que Mahmoud Ahmadinejad inspire aux dirigeants saoudiens. Selon d’autres messages, l’Arabie Saoudite reste le principal pourvoyeur de fonds du terrorisme islamiste, ce que nous savions tous. Plus embarrassant pour Washington, les diplomates américains en poste à l’ONU sont priés d’espionner leurs collègues internationaux et d’obtenir sur eux des informations très privées, comme le numéro de leur carte de crédit et leur empreinte génétique. La Chine a organisé une grande opération de piratage informatique contre Google et les ordinateurs des pays occidentaux. Les relations entre Silvio Berlusconi et Vladirmir Poutine sont au beau fixe (et alors ?).
Un ouragan.
Ce ne sont que quelques exemples et il n’est pas impossible que, peu à peu, des révélations nouvelles provoquent de sérieux incidents diplomatiques. Bref, M. Assange est une sorte d’ouragan qui dévaste tout sur son passage, il n’est pas vraiment au service des progrès de l’humanité. Quant à la presse, elle n’a aucune raison de respecter un secret que chacun peut trouver sur Internet. Le mal est fait.
C’est une excellente leçon, en tout cas, pour le gouvernement de M. Sarkozy, qui s’est toujours montré très agacé, parfois jusqu’à l’intolérance, par tout ce qui s’apparente à des révélations et n’hésite d’ailleurs, par toutes sortes de moyens occultes, de retrouver la trace des informateurs des médias. La vérité finit toujours par apparaître, quoi que fassent les gouvernements pour l’enterrer. Non seulement l’Élysée trahit la loi qu’il a promulguée sur le secret des sources en allant chercher des informateurs dans les ministères ou la fonction publique ; non seulement les cambriolages de rédactions avec vols d’ordinateurs, qu’il est impossible de lui imputer, sont des actes misérables ; mais il n’y a plus secret en France que de Polichinelle. La liberté de la presse est attaquée alors qu’elle n’a jamais été aussi libre, qu’elle se livre à des critiques assassines du pouvoir et qu’elle se moque ouvertement de ses colères.
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