Grippe : PACA, un mauvais élève pour la vaccination

Publié le 22/10/2014
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Crédit photo : S. TOUBON

La campagne de vaccination contre la grippe a été lancée en PACA. Pour obtenir un meilleur taux de vaccination, l’ARS PACA et la CPAM veulent sensibiliser les soignants.

« Le point essentiel, aujourd’hui, c’est la grippe, pas Ebola ! La grippe, elle, on est sûr qu’elle tuera en PACA… » Philippe Brouqui, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Nord de Marseille, a haussé le ton lors du lancement de la campagne de vaccination contre la grippe, dans les locaux de l’ARS. Car au niveau national, comme au niveau local, la vaccination a largement diminué, en population générale comme dans les populations à risque, personnes âgées, enfants fragiles ou femmes enceintes. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’année dernière, sur 950 000 invitations « à se faire vacciner », lancées par courrier, 448 000 personnes seulement l’ont fait. C’est un chiffre encore inférieur à la moyenne nationale. « Le taux de vaccination est en train de s’effondrer en France et en PACA, a expliqué Gérard Bertucelli, directeur de la CPCAM des Bouches-du-Rhône. Pourtant, il y a de plus en plus de coordination entre nos services pour inciter les gens à se faire vacciner. Sans succès. »

L’Assurance-maladie a investi « 2,8 millions en PACA » pour mettre en place cette vaccination gratuite pour la population, avec donc une efficacité limitée. Pourtant, la grippe a encore tué l’année dernière, malgré une épidémie de grippe plutôt restreinte et une durée relativement courte. L’ARS compte donc sur la mobilisation de tous pour réinvestir dans cette vaccination. « Il y a un énorme travail de conviction à faire de la part de nos professionnels de santé, soutient le Dr Francis Charlet, responsable du département veille et sécurité sanitaire à l’ARS PACA, car l’année dernière une vingtaine de personnes sont décédées des suites d’une complication de la grippe en service de réanimation. Pourtant, ces deux dernières années, l’épidémie a été moins forte, mais elle pourrait s’inverser cette fois-ci. Il n’y a aucune règle en la matière. »

La vaccination relancée par les soignants

Pour parvenir à ses fins, l’Assurance-maladie invite tous les professionnels de santé à se faire vacciner. En France, comme en PACA, le taux de vaccination contre la grippe saisonnière chez les soignants est trop bas. Il stagne autour de 20 %. Un effort a été demandé par l’ARS aux professionnels de santé des hôpitaux et des EPHAD. L’agence incite aussi les professionnels de santé libéraux, par le biais de l’URPS Médecins libéraux, à utiliser le carnet électronique mesvaccins.net pour suivre la vaccination de leurs patients. « Le vrai problème est que les médecins soient eux-mêmes convaincus par la vaccination, assure encore le Pr Brouqui, la plupart le sont, certains doutent encore de l’efficacité, peut-être qu’ils n’ont pas encore vu mourir l’un de leurs patients de la grippe. Le jour où ils en verront un sans lui avoir conseillé le vaccin, peut-être qu’ils changeront d’opinion et inciteront plus leurs patients à le faire ! » Il ajoute : « La grippe a tellement été banalisée qu’on la confond avec d’autres virus ou syndromes grippaux. Du coup, les gens ne voient plus sa gravité. La rougeole, par exemple, on la voit et on voit qu’elle se transmet. La grippe, elle, ne se voit pas. Et c’est très dur pour nous de communiquer dessus, car on n’arrive pas à montrer ses risques, les gens pensent du coup qu’elle n’est pas grave. » Mais il faut changer d’état d’esprit. L’accent est mis sur la vaccination des plus de 65 ans, et les femmes enceintes. « C’est la seule manière de protéger les tout petits… »


L’hôpital Nord en tête de réseau Ebola

Philippe Brouqui, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Nord de Marseille, est aujourd’hui le référent Ebola pour piloter le dispositif de prise en charge de ces malades dans le Sud-Est. Le deuxième étage de son service mettra à disposition ses 6 chambres d’isolement, occupées pour l’instant par des patients atteints de tuberculose. Ceux-ci seront transférés en cas de…
Mais pour l’instant, le professeur Brouqui reste plutôt rassurant. « Le seul risque est l’importation de malades Ebola par le personnel soignant français ou humanitaire sur place pour les soins. À 98 %, aujourd’hui, cela ne pourrait pas nous arriver. Le seul risque est donc lié aux personnels de soins. Dans ce sens, on a fait plusieurs recommandations pour instaurer un système de traçabilité des soignants qui sont sur le terrain. Mais il n’y aura pas d’épidémie d’Ebola en France à notre niveau de connaissance. Il n’en est pas question pour le moment. »

Hélène Foxonet, à Marseille

Source : lequotidiendumedecin.fr