Depuis deux ans, la France doit faire face à une augmentation importante de cas de tuberculose à bacille multirésistants. Entre 2006 et 2012, 409 souches résistantes ont été confirmées par le Centre national de référence des mycobactéries. Leur nombre annuel resté stable - autour de 50 par an - jusqu’à 2010, a brusquement augmenté passant à 69 en 2011 puis à 92 en 2012. « Cette hausse est essentiellement liée à une augmentation des cas observés chez des patients originaires de l’ex-Union soviétique », explique Christine Bernard et col. dans le bulletin « Eurosurveillance » de la semaine dernière. La moitié des souches multirésistantes (MDR-TB) ont en effet été isolées chez ces patients, essentiellement originaires d’Ukraine, de la Fédération de Russie et de la Géorgie (21 en 2011 et 47 en 2012). La part des patients originaires des autres pays du monde n’a pas varié sauf pour l’Europe de l’Est (hors ex-Union soviétique) où le nombre de cas a doublé passant de 4 par an à 8 par an.
17 cas de XDR-TB en 2012
La progression est encore plus spectaculaire lorsqu’on ne considère que les cas de tuberculose ultrarésistante (XDR-TB) avec une hausse des cas depuis 2009, année où 4 cas ont été observés contre 2 par an en moyenne entre 2006 et 2008, soit 7 % des tuberculoses résistantes contre 5 % jusque-là. En 2012, la tendance à la hausse s’est brutalement accélérée : 6 cas en 2010 (13 % des MDR-TB) ; 7 en 2011 (10 % des MDR-TB) et 17 en 2012 (18 % des MDR-TB). Près des trois quarts de ces souches ultrarésistantes (31 sur 40) ont été isolés chez des patients venant de l’ex-URSS, les autres se répartissant entre les autres pays d’Europe (4 cas) et l’Afrique (5 cas). Toutes les souches isolées en 2012 provenaient de patients de l’ex-URSS dont 14 sur 17 de Géorgie.
Contrairement à la France, pays de faible incidence, les pays de l’ex-URSS affichent un taux élevé de nouveaux cas de tuberculose, de l’ordre de 90 à 125 pour 100 000 en 2011, avec un pourcentage de souches multirésistantes compris entre 10 et 20 % parmi les nouveaux cas et de 45 % chez des patients déjà traités. La notion d’un traitement antérieur a été retrouvée chez deux tiers des patients ayant une tuberculose à bacilles multirésistants.
Date récente d’arrivée
La part importante des patients originaires de Géorgie qui des 2 autres pays de l’Ex-URSS (Ukraine et Fédération de Russie) est le moins peuplé (4,3 millions d’habitants contre 45 et 143 millions) est étonnante. Selon les auteurs cela semble suggérer qu’il existe une immigration géorgienne spécifique. La date d’arrivée en France, connue pour 29 des 47 patients recensés en 2012, semble montrer que cette immigration est récente : moins de 1 an avant l’hospitalisation pour 27 d’entre eux dont 10 de moins de un mois. Le très faible nombre de cas groupés recensés semble d’ailleurs indiquer qu’il s’agit « de patients déjà infectés dans leur pays d’origine », soulignent les auteurs. « L’hypothèse d’une immigration motivée pour raisons de santé doit être prise en compte et les médecins doivent le prendre en compte lorsque de tels patients arrivent dans le système de santé », indiquent-ils. L’enjeu est d’adapter au plus vite la prise en charge de ces malades notamment l’antibiothérapie.
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