L’année dernière, 15 personnes sont mortes dans les hôpitaux américains des suites d’agressions par balles.
Lassés de soigner les victimes d’un système de régulation des ventes d’armes qu’ils jugent trop laxiste, les représentants de huit sociétés savantes américaines ont lancé un appel, dans « Annals of Internal Medicine », pour mettre fin à ce qu’ils considèrent être un « problème majeur de santé publique ». Ils ont été rejoints par plusieurs éditorialistes dans le « British Medical Journal » et « JAMA ».
Les sociétés savantes demandent que la vérification stricte et systématique des antécédents judiciaires et psychiatriques des personnes souhaitant acquérir une arme, actuellement obligatoire dans les armureries, soit étendue à toutes les conditions de vente, y compris entre particuliers ou au cours de salons spécialisés.
Le piège de la confidentialité
Ils appellent également à encourager et faciliter la discussion entre médecins et patients possédant des armes à feu. Peu de temps après la tuerie de l’école primaire de Sandy Hook, dans le Connecticut, le président Barack Obama avait signalé que l’Affordable Care Act, voté en 2010, « n’empêche pas les médecins de parler avec leurs patients des armes en leur possession », et qu’aucune loi fédérale « n’interdit de signaler les menaces de violences aux forces de l’ordre ». Les sociétés savantes aimeraient que le gouffre juridique qui existe entre la non-interdiction et l’autorisation soit comblé.
Les auteurs de l’appel précisent également qu’un meilleur dépistage et une meilleure prise en charge des consommateurs de drogue et des personnes souffrant de troubles mentaux pourrait réduire l’incidence des blessures et décès par armes à feu. Pour cela, ils préconisent une meilleure coopération entre hospitaliers, services sociaux et médecins de ville.
Dernière recommandation : les auteurs s’élèvent contre le droit de posséder des armes d’assaut et des chargeurs à grande capacité – droit couvert par le deuxième amendement.
Les médecins de plus en plus menacés
« Le nombre d’agressions par armes à feu à l’intérieur des hôpitaux est passée de 9 par an en moyenne entre 2000 et 2005, à 16,7 par an entre 2006 et 2011, emportant 161 vies au passage », rappellent les Dr Eli Adashi et Hans Gao, de la Brown University de Rhode Island, cosignataires avec le Dr Glenn Cohen, de l’université de Harvard, d’une tribune parue dans « JAMA ».
En décembre 2014, le département américain de la santé et des services sociaux (DHHS) a publié un guide à destination des centres hospitaliers, pour que des exercices soient régulièrement menés en prévision d’éventuelles attaques par armes à feu au sein des établissements.
Les auteurs d’une tribune dans « JAMA »estiment que « face à la paralysie totale des projets de loi sur la régulation de la circulation des armes à feu, des lois devraient être passées dans les différents États, incitant les hôpitaux à mettre en place des zones où les armes à feu sont prohibées ».
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