Dans son dernier bilan portant sur l’année 2012, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) lance la sonnette d’alarme : « Il devient urgent de prendre des mesures pour maîtriser l’augmentation des doses dues à l’imagerie médicale. »
Les données disponibles en France comme au niveau international montrent une augmentation des doses moyennes délivrées aux patients du fait de la hausse du nombre des examens en radiologie conventionnelle ou interventionnelle et en scanographie. « L’exposition d’origine médicale a augmenté de 50 % en l’espace de cinq ans (de 2002 à 2007) », souligne Delphine Ruel, chef de la division de Paris de l’ASN. Plus d’un tiers de l’exposition moyenne d’un individu en France provient du domaine médical.
Coronarographie, angiographie...
Cette explosion des chiffres est due à une meilleure performance diagnostique des appareils conventionnels, à l’utilisation de plus en plus fréquente du scanner qui permet d’obtenir des images très précises en trois dimensions mais qui expose les patients à des doses plus élevées qu’en radiologie classique. Un scanner « corps entier » qui fait partie des nouveaux examens de plus en plus prescrits peut délivrer jusqu’à 20 millisieverts (mSv), ce qui correspond à la limite réglementaire annuelle autorisée pour un travailleur du secteur nucléaire.
Le bilan de l’ASN montre que les examens les plus courants en 2012 ont été la coronarographie, l’angiographie vasculaire et l’imagerie par rayon X en cours d’intervention au bloc opératoire. L’année 2012 a été marquée par un « accident grave » en radiologie interventionnelle dans l’unité de coronarographie et d’angioplastie au centre hospitalier de Lagny-sur-Marne. La surexposition d’un patient qui a développé une « nécrose profonde » à la suite de six angioplasties coronaires itératives, particulièrement longues et complexes, échelonnées de mars à décembre 2011.
Principe d’optimisation des doses
Dans ses recommandations, l’ASN met particulièrement l’accent sur la radiologie interventionnelle où existent « des disparités importantes dans la mise en œuvre de la radioprotection des patients et des travailleurs ». La marge de progression est « importante » dans ce domaine, notamment au bloc où l’ASN a constaté une « culture de la radioprotection très insuffisante ».
D’une manière générale, « il est constaté une trop faible application du principe d’optimisation des doses délivrées aux patients ». L’Autorité de sûreté pointe les insuffisances en matière de ressources en radiophysique médicale et de formation des professionnels, les défaillances dans le suivi médical des patients. Dans le cas du centre hospitalier de Lagny, l’analyse des causes de l’accident a mis en évidence un manque de suivi des potentiels effets secondaires dus aux interventions et une méconnaissance des doses successives délivrées.
Parmi ces préconisations, l’ASN souhaite le développement du parc d’IRM (technique qui ne recourt pas aux rayonnements ionisants), une augmentation de la présence des radiophysiciens et l’application du principe de justification et d’optimisation des examens radiologiques. L’ASN se félicite d’ailleurs de la mise à jour par les sociétés françaises de radiologie et de médecine nucléaires du guide de bon usage utilisé pour la formation auprès des médecins généralistes et spécialistes sur la justification des examens d’imagerie médicale. « Des actions de promotion de cet outil devront être poursuivies », souligne l’ASN.
Dépassement de dose chez les opérateurs
Des progrès sont également attendus dans le suivi dosimétrique des professionnels de santé, notamment pour l’exposition des extrémités (doigts) ainsi que dans l’utilisation des équipements de protection. Un médecin a ainsi subi un « dépassement de dose limite annuelle » parce qu’il exposait ses mains dans le faisceau primaire de rayonnements lors de la réalisation ces clichés de guidage au cours d’infiltrations avec injection de médicaments radioguidées, « sans avoir conscience des doses potentiellement engendrées par cette pratique ». Début 2013, un radiologue travaillant à l’Institut mutualiste Montsouris de Paris a également eu un dépassement de dose du « corps entier », avec 48 mSv reçus en douze mois. Des incidents qui soulignent la nécessité du suivi dosimétrique des opérateurs (port de bagues dosimétriques, par exemple) et du développement d’une culture de la radioprotection chez les professionnels.
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