Je pense sincèrement qu'il est urgent de faire des économies et d'alléger le mille-feuille administratif, il est urgent, puisqu'il y a la communauté de communes, d'arrêter d'élire un maire pour chaque petite commune, contentons-nous des élus représentatifs d'un nombre conséquent d'habitants qui, eux, éliront un représentant (pourquoi ne pas garder le nom de maire). Peut-être qu'ainsi nos représentants locaux auront une vision plus globale des problèmes. Par exemple, quand on essaie de monter une maison médicale en plein désert médical, cela pourrait éviter que chaque minuscule commune se batte pour que ce centre médical soit dans leur village !
De plus, la complexité législative qui sévit actuellement fait que les maires que nous élisons sont incompétents face à la gestion d'une commune et je ne crois pas que chaque petite commune puisse payer le salaire d'une personne compétente pour une gestion correcte.
Combien de communes ont fait construire des maisons médicales et cherchent encore des professionnels de santé à y installer. Est-ce que ces maires de petites villes se sont vraiment renseignés sur les causes de la désertification médicale ? Faut vraiment n'avoir aucune notion de la gestion d'une entreprise (ce qui est inquiétant). Et n'avoir pas réfléchi sur la viabilité d'un cabinet avec une clientèle de 1 200 habitants, la rémunération actuelle des médecins, leurs charges.
Se sont-ils demandé pourquoi les jeunes médecins ne s'installent plus et s’il ne fallait pas plutôt remédier à la vraie cause de ce désengagement : l'attractivité du métier. C'est-à-dire la rémunération, le flicage, la dévalorisation par les médias et par eux-mêmes (politicards de tous bords !), l'inflation des tâches administratives. Se sont-ils vraiment mis en relation avec les médecins, ont-ils pris le pouls de cette profession pour comprendre ce qui se passe, pour trouver des solutions ensemble !
Cela fait vingt ans que les médecins ont tiré la sonnette d'alarme auprès d'eux ; ils ont fait la sourde oreille. Et ils continuent de ne pas être vigilants sur les décisions gouvernementales : par exemple, la loi qui prévoit que les enfants de médecins qui ont eu le courage de faire médecine font le projet de reprendre le cabinet de leurs parents seront privés d'aide à l'installation.
Il faudrait que nos politicards apprennent que nous sommes au XXIe siècle, que les médecins ne sont plus des nantis, que le jeune médecin a plus de 50 % de chance d'être une femme, que contrairement au siècle dernier, son conjoint ne deviendra pas sa secrétaire, qu'il a un métier et que le plus souvent le choix d'installation se fera en fonction de ce conjoint (dans notre pôle médical, nous en avons l'illustration : une jeune consœur l'a intégré en tant que collaboratrice car son mari était muté dans notre ville).
Ces chers maires de petites villes devraient se renseigner sur l'effet délétère d'une fin de liberté d'installation – en Allemagne, cela a aggravé la situation. Il y a tellement de postes en salariat (il n'y a pas que les libéraux qui prennent leur retraite !), que les médecins choisiront cette solution pour pouvoir exercer là où ils en ont envie.
Que font-ils, ces mêmes maires, pour la désertification administrative de leur bled, là où il n'y a plus de Poste, plus de banque, plus d'école… Pourquoi un poids et deux mesures ? Se sont-ils posé la question de la légalité de cette obligation, on n'est pas en temps de guerre, alors on va assigner à domicile les médecins. Enlevez donc « liberté » au fronton de vos mairies. Comme disaient certains, « on est tous égaux mais certains sont plus égaux que d'autres ».
Ces grands décideurs se sont-ils posé la question : comment se fait-il qu'il y ait une moyenne de 45 médecins par an qui se suicident ?
Mais pourquoi donc installer un médecin dans chaque village alors qu'une grande prof d'économie à la botte du gouvernement a décrété que la médecine libérale devrait disparaître, on ne les a pas beaucoup entendus protester ce jour-là. Et puis ces messieurs vont encore nous rétorquer et, répéter comme des perroquets, que la nation nous a payé nos études alors qu'un confrère a calculé la somme faramineuse que fait économiser un étudiant en médecine à l'hôpital.
Eh bien moi, je les trouve extrêmement incompétents et inconséquents ces maires des petites villes. Et comme nous sommes désormais, à la place des prêtres, les confidents de nos patients, au vu des témoignages que nous recevons (il y a des moments où je préférerais ne pas savoir tellement c'est énorme et ubuesque), essayez d'abord de mieux gérer vos communes quelle qu'en soit leur taille, arrêtez la gabegie à tous les niveaux de l'État et faites que les acteurs de santé soient mieux payés !!!
Allez revoir votre copie ou bien nationalisez la médecine. On ne sera sûrement pas mieux payé mais on ne sera plus aux 70 heures par semaine !
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