M. ERDOGAN méritait sa victoire. Il est associé à une croissance de plus de 8% par an ; il semble avoir maté l’armée, désormais incapable de dicter la politique intérieure et extérieure de la Turquie ; il a stabilisé le pays en mettant fin aux fragiles coalitions de partis minoritaires et aux coups d’État militaire ; sa méthode est prise en exemple par les animateurs du printemps arabe qui soutiennent son concept de démocratie musulmane. Au moment où se pose la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, M. Erdogan exprime son amertume face aux atermoiements de la France et de l’Allemagne, hostiles à cette intégration. Mais, en même temps, il semble avoir renoncé au projet, estimant que la Turquie, pour son développement économique, n’a plus besoin de l’UE.
LE TRIOMPHE D’ERDOGAN NE DISSIPE LES DOUTES SUR SES INTENTIONS
On lui reconnaîtra sans ambages tous ces succès. On constate toutefois que, sous la houlette du parti d’Erdogan, l’AKP, la laïcité, héritage fondamental de Kemal Ataturk et thème central de l’action politique des militaires, cède le pas à l’islam. Le Premier ministre turc a assoupli les idées de l’un de ses prédécesseurs, chassé du pouvoir par l’armée parce qu’il procédait à une islamisation forcené des institutions turques et n’avait pas de meilleur ami que Mouammar Kadhafi. M. Erdogan a pratiquement rompu les liens de son pays avec Israël, notamment à propos du bateau qui devait se rendre à Gaza et qui fut arraisonné, façon indirecte de donner un camouflet à l’armée turque, qui avait des relations privilégiées avec l’État hébreu. Il a, dans la foulée, mis au point une politique extérieure qui s’est traduite par une condamnation de l’invasion de l’Irak et par une médiation favorable à l’Iran à propos de ses capacités nucléaires. Il n’a pas, et c’est le moins que l’on puisse dire, accordé leurs droits aux Kurdes alors qu’il ne cesse de faire la leçon à Israël au sujet des Palestiniens. C’est quand même Recep Tayyip Erodgan qui, au cours d’une visite en Allemagne, a dit aux quelques millions de compatriotes qui vivent dans ce pays que « l’assimiliation est une forme de génocide ».
Une Turquie à l’islam modéré devrait faire partie de l’UE. M. Erdogan veut obtenir une révision de la Constitution turque qui, même si elle fait de la Turquie un État islamique, est censée apporter de nouveaux droits et donc plus démocratie à ses concitoyens. Pour parvenir à ce résultat, il a besoin d’une majorité des trois-cinquièmes qui implique la coopération d’un parti minoritaire, le CHP, social-démocrate. En accueillant un État musulman, l’Europe s’honorerait et démontrerait que la religion d’un pays membre n’est pas un problème. Mais les Européens ne savent pas si M. Erdogan est un islamiste masqué qui veut exercer une forme de domination en Méditerranée ou seulement un musulman laïc uniquement dédié au bien-être des Turcs.
Le déclin de Berlusconi.
En Italie, Silvio Berlusconi a subi un revers d’une telle ampleur qu’il ne s’en remettra probablement pas. Il aurait dû, d’ailleurs, prévoir la catastrophe, puisqu’il venait de perdre les élections municipales, à Naples et à Milan, la ville où il est censé n’avoir que des amis. Il ne pouvait faire autrement que de reconnaître sa défaite. Jugez-en : les Italiens ont voté « non » à trois questions sur la relance du nucléaire, la privatisation de la distribution d’eau et l’immunité judiciaire des ministres, dont, bien sûr, le premier. La participation a été de 55 %, ce qui est énorme pour l’Italie, et les Italiens ont voté « non » à une majorité comprise entre 94 et 97 %. On les comprend. Les commentateurs italiens notent que les résultats des trois référendums montrent aussi une ascension de la gauche, que la Ligue du Nord, le parti de Umberto Bossi, qui fait partie de la coalition gouvernementale, n’a plus aucun intérêt à s’associer au PDL, parti du Peuple de la liberté, de M. Berlusconi. En effet, celui-ci doit comparaitre dans quatre procès à Milan et il vient de perdre son immunité judiciaire. C’est bientôt la fin d’une carrière politique qui a quand même duré 17 ans et pendant laquelle l’Italie s’est endettée et appauvrie.
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