Plus de 5 ans après le début de la vaccination généralisée contre la méningite C, les objectifs de 80 % de couverture vaccinale à 24 mois et de 50 % dans la population de rattrapage sont loin d’être atteints et ne permettent toujours pas d’obtenir une immunité de groupe.
Les dernières données épidémiologiques disponibles en France indiquent que les infections invasives à méningocoques (IIM) demeurent particulièrement graves avec un risque de décès de l’ordre de 10 % et des séquelles invalidantes à vie qui concernent 1 survivant sur 5.
Les bactéries responsables, se répartissent en 13 sérogroupes, dont 5 particulièrement virulents A, B, C, W et Y sont responsables des formes invasives.
En 2013, 585 IIM ont été enregistrées par l’Institut national de veille sanitaire (InVS), soit une incidence de 0,99 pour 100 000 habitants. Les dernières données épidémiologiques de l’InVS montrent que le sérogroupe B reste majoritairement impliqué dans les cas d’IMM en France (58 % des cas). En parallèle, la baisse des infections dues au méningocoque C (26 % des cas) amorcée depuis l’introduction de la vaccination s’est malheureusement ralentie en raison d’une couverture vaccinale insuffisante.
Evolution de la recommandation
En 2002, le Comité technique des vaccinations (CTV) avait considéré qu’il n’y avait pas lieu de recommander la vaccination généralisée par le vaccin conjugué contre le méningocoque C en raison du taux considéré comme faible de l’incidence des IIMC en France, de l’incertitude sur un éventuel déplacement des sérogroupes sous l’effet de la vaccination et de l’incertitude sur un effet de protection de groupe. La vaccination n’a donc été recommandée que pour les groupes à risque.
D’autres pays, dont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Espagne ont fait, à la même époque, un choix différent en privilégiant une politique de vaccination généralisée des nourrissons avec un rattrapage pour les enfants, adolescents et adultes jeunes. Très rapidement, les données émanant de ces pays ont montré l’efficacité de cette stratégie avec une réduction très significative de l’incidence des IIM C, supérieure à 90 %. La surveillance épidémiologique a en outre montré que l’introduction du vaccin conjugué contre le méningocoque C n’avait pas provoqué la sélection de nouvelles souches.
En France, 7 ans après son premier avis, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), sur proposition du CTV, décidait en 2009 de recommander la vaccination systématique des grands nourrissons de 12 à 24 mois et un rattrapage des jeunes jusqu’à 24 ans révolus.
Défiance du public et manque de conviction des médecins
Aujourd’hui, le Pr Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble, constate que « cette recommandation n’a pas porté les fruits escomptés et que nous ne sommes pas parvenus à obtenir les résultats remarquables des autres pays qui avaient opté pour la vaccination généralisée des enfants ». De fait, les objectifs affichés du HCSP d’atteindre 80 % de couverture vaccinale à 24 mois et 50 % dans la population de rattrapage ne sont clairement pas atteints avec 54,1 % à 24 mois, 36,8 % chez les 3-9 ans, 20,6 % chez les 10-14 ans, 13,3 % chez les 15-19 ans et 2,8 % chez les 20-24 ans. Des taux insuffisants à l’obtention d’une immunité de groupe.
Pour J-P Stahl, les causes sont multiples : « Une défiance accrue du public envers la vaccination, mais aussi l’absence de conviction d’une partie du corps médical » qui influe grandement sur la décision des parents de faire vacciner leur enfant. Le manque de formation des médecins sur la vaccination est également pointé du doigt : « 5 heures en moyenne au cours du cursus universitaire sont insuffisantes pour répondre aux questions de plus en plus nombreuses des patients sur et mal informés, le plus souvent par internet et par la propagande anti-vaccins qui s’est développée ces dernières années. »
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