En publiant les chiffres sur l’utilisation de la lévothyroxine en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle que la prescription de ce médicament doit s’appuyer sur des signes cliniques et biologiques francs et documentés.
L’ANSM publie un état des lieux de l’utilisation de la lévothyroxine en France. Au cours des vingt dernières années, les ventes des spécialités contenant de la lévothyroxine « ont fortement augmenté, passant d’environ 4 millions de boîtes en 1990 à environ 34 millions en 2012 ». Cependant les ventes semblent se stabiliser depuis 2011.
Le nombre de patients traités en 2012 est estimé à environ 2,9 millions.
Les utilisateurs caractérisés
L’analyse des pratiques de prescription réalisée par l’ANSM a permis de caractériser la population traitée. Entre 2006 et 2012, la population des « utilisateurs de lévothyroxine » est caractérisée par une augmentation continue, avec une prévalence passant de 3,03 % en 2006 à 4,10 en 2012 ; un vieillissement ; un traitement initié le plus souvent par des médecins généralistes, en particulier chez les plus de 65 ans ; des hypothyroïdies iatrogènes plus fréquentes chez les sujets âgés. Par ailleurs, environ 10 % des patients ont été thyroïdectomisés et dans 30 % des cas, la primo-prescription de lévothyroxine n’a pas été précédée d’un dosage de TSH.
La forte augmentation observée au cours de ces deux dernières décennies peut être expliquée par de multiples facteurs. « La sensibilisation des médecins et la mise à disposition de techniques d’exploration très sensibles ont conduit à la détection de particularités morphologiques ou fonctionnelles sans manifestation clinique, dont on ne sait si elles correspondent à des situations pathologiques », relève l’ANSM.
À la limite du bon usage
Un tel « dépistage intensif a pour conséquence une utilisation de la lévothyroxine souvent « à vie », dans des situations à la limite du bon usage. »
Les recommandations (de la Haute Autorité de Santé et de la Société Française d’Endocrinologie) sur la prise en charge de l’hypothyroïdie fruste sont rappelées : « Le traitement par lévothyroxine devrait être limité aux sujets à risque avec un taux de TSH supérieur à 10 mU/l, confirmé par un second dosage. »
En deçà de cette valeur, le bénéfice du traitement n’est pas démontré, « sauf en cas de grossesse, ou dans certains cas de présence d’anticorps anti-TPO (anti-thyroperoxydase) et de signes cliniques très évocateurs d’hypothyroïdie ».
Nodules de 10 mm
Concernant les nodules thyroïdiens, il est rappelé que les recommandations stipulent « que la prescription de lévothyroxine n’est pas recommandée pour des nodules dont la taille n’excède pas 10 mm ». En tout état de cause, la prescription de lévothyroxine doit s’appuyer sur des signes cliniques et biologiques francs et documentés, et en cas de doute, reposer sur l’avis d’une endocrinologue.
L’exploration systématique de la thyroïde n’est pas recommandée dans la population générale asymptomatique. À l’inverse, le dépistage des hypothyroïdies est fortement recommandé dans les populations à risque, ainsi que pendant la grossesse et le post-partum.
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