La Haute Autorité de santé publie sur son site un rapport sur la prescription systématique à l’avance d’une contraception d’urgence, son efficacité sur la réduction du nombre de grossesses non prévues et d’interruptions volontaires de grossesse ainsi que sur ses conséquences éventuelles sur la couverture contraceptive et le risque d’infections sexuellement transmissibles. Il s’agissait pour la Haute Autorité d’évaluer, à la demande de la Direction générale de la santé, une stratégie préconisée par l’IGAS.
En effet, malgré une utilisation de méthodes contraceptives modernes par 75 % des femmes en âge de procréer, les échecs contraceptifs restent fréquents : 1 grossesse sur 3 est non prévue et parmi celles-ci la moitié fait l’objet d’une IVG. Parmi ces grossesses non prévues, 2 sur 3 surviennent sous contraception (1 sur 3 est due à la non utilisation d’une contraception).
Pas de prescription à l’avance systématique
La contraception d’urgence ou contraception « de rattrapage », utilisable par les femmes en situation d’urgence dans les 3 à 5 jours qui suivent un rapport sexuel non ou mal protégé pour éviter une grossesse non prévue. Seule la méthode hormonale dite pilule contraceptive d’urgence (PCU) ou « pilule du lendemain » fait l’objet de l’évaluation, la méthode mécanique (dispositif intra-utérin au cuivre) n’étant pas pertinente dans le cadre d’une prescription anticipée. La HAS rappelle que la PCU n’est pas efficace à 100 % mais que plus elle est prise rapidement après le rapport non protégé, plus son efficacité est grande. La PCU est disponible en pharmacie sans ordonnance médicale depuis 1999 et est délivrée de manière gratuite et anonyme aux mineures en situation d’urgence. Elle n’est remboursée à 65 % qu’en cas de prescription médicale.
Une revue systématique de la littérature montre que la fourniture à l’avance de la PCU n’a aucun effet négatif sur les rapports sexuels non protégés, les IST ou sur l’utilisation de la contraception régulière. Mais il n’a pas été démontré d’effets sur la réduction du nombre de grossesses non prévues. La HAS ne recommande donc pas la prescription et la délivrance à l’avance en routine à titre systématique.
Des freins à l’utilisation
En revanche, l’évaluation a mis en évidence des freins à l’utilisation de la PCU qui, après avoir augmenté de manière importante (les ventes ont plus que doublé en 10 ans pour atteindre 1,3 million en 2010), stagne depuis 2009. Du côté des usagers, les principaux freins sont le manque de perception du risque de grossesse, le manque de connaissance de la PCU et de son délai d’utilisation, le rejet de la contraception d’urgence, la crainte du regard social et de la stigmatisation, la perception exagérée du risque d’effets indésirables. Des freins existent aussi du côté des professionnels de santé qui sont une méconnaissance de cette contraception d’urgence, le manque de perception de son utilité, une attitude moralisatrice notamment de la part des pharmaciens. Au niveau collectif, le recours à la PCU peut être empêché par des difficultés d’accessibilité géographique ou temporelle, des problèmes financiers en particulier chez les jeunes en situation d’urgence ou une législation restrictive en particulier en milieu scolaire. « En outre, la non-application de la gratuité de la PCU aux mineurs garçons constitue un frein individuel et collectif à la responsabilité partagée des hommes et des femmes dans la contraception en général », précise la HAS.
Dans ses recommandations, la HAS propose la prescription au cas par cas accompagnée d’une information personnalisée en cas par exemple des difficultés d’accès à la contraception d’urgence. La Haute Autorité rappelle que la contraception d’urgence est une « solution de rattrapage » et qu’elle doit être intégrée dans le cadre général de la santé sexuelle et reproductive. Il lui semble essentiel d’améliorer l’information des femmes mais aussi des hommes sur la contraception d’urgence, via les professionnels de santé, les associations et les programmes d’éducation à la sexualité en milieu scolaire. Cette information doit concerner les femmes et les hommes et aborder la contraception d’urgence sur tous ses aspects.
Propositions supplémentaires
Parmi les propositions complémentaires à ses recommandations, la HAS demande que la formation des professionnels (médecins généralistes, gynécologues, sages-femmes, pharmaciens, conseillères conjugales) soit améliorée. Elle souhaite aussi inscrire la gratuité de la PCU qui doit être élargie, selon elle, aux mineurs garçons, dans une question générale de gratuité de la contraception. De même, la HAS appelle à étendre la délivrance de la pilule au lévonorgestrel aux élèves, étudiants et apprentis inscrits dans tous les établissements d’enseignement et de formation indépendamment de la présence d’un personnel sanitaire. Sa dispensation par les conseillers conjugaux dans les centres de planification ou d’éducation familiale devrait aussi être autorisée.
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