Alors que les mesures de confinement et la mise en place des gestes barrières ont permis d'abaisser le taux de reproduction de l'infection virale à SARS-CoV-2 (le fameux R0) de 2,8 à 0,7 entre le 15 mars et le 31 mai, le taux d'attaque réel du virus et le taux de létalité restent difficile à évaluer en France comme ailleurs « car de très nombreux malades n’ont pas été testés, et les cas suspectés par l’approche syndromique n’ont pas été déclarés », souligne l'Académie nationale de médecine (ANM) dans un communiqué.
Le taux de létalité, défini par le nombre de décès par rapport au nombre de personnes infectées (y compris les cas non confirmés par les tests), est estimé en France entre 0,3 et 0,6 %. « Donc très inférieur à celui de la grippe espagnole (2 à 4 %), mais supérieur à celui de la grippe saisonnière (0,1 %) », détaille l'ANM.
Généraliser la certification électronique des décès
Le taux de létalité apparent, qui prend en compte uniquement les cas confirmés par RT-PCR est très différent, il est de 19 % en France (nombre de décès cumulés de 28 940 pour 151 325 cas confirmés par RT-PCR). Le taux de mortalité, qui représente le nombre de décès rapporté à la population totale, est de 432 par million d'habitants.
« Actuellement, seuls sont déclarés les décès survenant chez des cas confirmés par RT-PCR, de façon exhaustive à l’hôpital mais beaucoup moins dans les EHPAD », note l'Académie. De plus, les décès à domicile ne sont pas comptabilisés en temps réel, ils sont estimés tardivement par l'excès de mortalité. Comme l'INSERM, l'ANM recommande ainsi de généraliser le recours à la certification électronique des causes médicales de décès pour un suivi en temps réel des indicateurs de mortalité en fonction des causes.
Prendre en compte les indicateurs de morbidité et de mortalité collatérales
« Les méthodes d’estimation de la morbidité et de la mortalité par Covid-19 diffèrent beaucoup d’un pays à l’autre », souligne par ailleurs l'Académie qui appelle à la plus grande prudence concernant les comparaisons internationales de mortalité due au Covid-19. Celles-ci doivent prendre en compte les méthodes de détection des cas et de recueil des données, la démographie des populations et le contexte épidémiologique.
Pour illustrer ses propos, l'Académie rapporte les données de la Belgique où tous les cas sont déclarés (confirmés et suspectés) et tous les décès rapportés en temps réel. Le taux de létalité apparent y est de 16 % (nombre de décès cumulés estimé à 9 505 pour un total de 58 615 cas déclarés) et le taux de mortalité de 833 décès par million d’habitants, « le plus élevé de toute l’Europe », précise l'ANM.
« Dans les pays d’Europe (à l’exception de la Belgique) et d’Amérique du Nord, en Australie, Nouvelle Zélande, etc., le compte des décès est relativement fiable mais non exhaustif », estime l'Académie.
Enfin, l'ANM souhaite que soient pris en compte dans le bilan de l'infection Covid-19 les indicateurs de morbidité et de mortalité collatérales, c'est-à-dire non Covid-19 mais qui représentent les conséquences du retard ou de l’absence de prise en charge des urgences médico-chirurgicales.
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