NON, LA CIRCONCISION ne constitue pas une « violation de l’intégrité physique des enfants ». Le président de la République, en réponse au président du Consistoire central de France qui l’avait interpellé, s’inscrit en faux contre les termes de la résolution adoptée le 1er octobre par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). Le texte faisait l’amalgame entre cet acte chirurgical pratiqué pour raisons religieuses et les mutilations génitales féminines, les piercings et les tatouages, demandant aux États de « sensibiliser leurs populations aux risques de ces pratiques pour la santé physique et mentale des enfants » et de les interdire « avant qu’un enfant soit en âge d’être consulté ». Immédiatement, le Conseil français du culte musulman et le Conseil représentatif des institutions juives dénonçaient le vote de ce texte.
Président d’honneur du CRIF, le Dr Richard Prasquier déclare au « Quotidien » que « la résolution européenne, procède d’une conception aberrante des droits de l’homme en prenant prétexte la protection de l’enfance. Ayant personnellement assisté à plusieurs de ces interventions, ajoute-t-il, je puis témoigner de la rapidité et de la simplicité de ce geste qui, au demeurant, a fait l’objet de recommandations scientifiques par rapport aux risques de cancer du col de l’utérus et de contamination par le VIH. »
« Il s’agit surtout d’un geste identitaire fondamental, souligne le rabbin Michael Journo, aumônier national israélite des hôpitaux, au-delà de l’aspect religieux fondamental, à telle enseigne que, dans un État multiculturel comme Israël, 98 % des hommes sont circoncis. En France, quasiment aucun juif aujourd’hui, même non pratiquant et non croyant, ne saurait en faire l’économie. »
Tout en rappelant que, « pour l’islam, la circoncision ne revêt pas la même importance », l’imam Abdelkader Khali, chargé des aumôneries musulmanes hospitalières en Ile de France, estime que « la résolution de l’APCE vise en fait surtout les musulmans ; comme pour le débat sur l’abattage rituel, c’est l’expression d’un racisme caché, d’une xénophobie qui, en période de crise sociale grave, alimente la peur et la haine de l’autre. »
Point culminant.
De ce point de vue, confirme M. Abdellak Nabaoui, aumônier national musulman des hôpitaux, « l’islamophobie a atteint un point culminant en stigmatisant nos pratiques. L’intervention du président Hollande dans le débat est judicieuse. Elle dénonce l’amalgame que la résolution de l’APCE fait entre circoncision rituelle des garçons et l’excision de jeunes filles, qui constitue, selon lui, une mutilation inacceptable, lourde de conséquences physiques et psychiques pour les femmes qui en ont été victimes. Elle rappelle aussi que la circoncision est pratiquée dans le respect du cadre légal déjà existant en France, avec le consentement des deux parents et le cas échanté de l’enfant, leur responsabilité et celle du praticien. Ces propos s’inscrivent parfaitement dans l’esprit de la loi de 1905 qui garantit le respect des religions et la neutralité de l’État à leur égard. »
Après les réactions très vives intervenues en 2012 en Allemagne, où une décision de justice avait suscité un tollé parmi les communautés juive et musulmane, le débat en France sur la circoncision semble avoir été momentanément clos par François Hollande. « Nous sommes aujourd’hui en présence d’une ultra-laïcité de combat, estime toutefois le Dr Prasquier, qui, en se fondant sur une interprétation aberrante des droits de l’homme et de l’enfant, dégage de forts relents anti-religieux. Et on ne peut que s’en inquiéter pour l’avenir. »
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