La France suspend provisoirement la vaccination avec AstraZeneca, dans l’attente d’une décision européenne

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Publié le 15/03/2021

Crédit photo : S.Toubon

C’est un véritable coup de théâtre dans la campagne de vaccination. Aujourd’hui, lundi, la France a décidé de « suspendre par précaution » l’utilisation du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca, en attendant un avis de l’autorité européenne du médicament qui sera rendu demain. C’est Emmanuel Macron en personne qui l’a annoncé lors d’une conférence de presse à Montauban.

Le chef de l’État a dit « espérer reprendre vite » la vaccination avec ce traitement « si l’avis de l’autorité européenne le permet ». L’Allemagne et l’Italie ont eux aussi suspendu par précaution le vaccin d’AstraZeneca.

Mise à jour :
Les experts de l’Agence européenne du médicament ont prévu de se réunir ce mardi pour étudier l’ensemble des données disponibles sur le vaccin d’AstraZeneca avant de livrer leurs conclusions lors d’une réunion extraordinaire jeudi 18 mars. D’ici là, l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca est suspendue en France.
Dans un communiqué diffusé lundi soir, l’EMA a tenu des propos rassurants sur ce traitement, rappelant que « le nombre d’évènements thrombo-emboliques au sein de la population vaccinée ne semble pas supérieur à celui constaté dans la population générale ». L’EMA reste convaincue que « les bénéfices du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19, avec les risques associés d’hospitalisation et de décès, l’emportent sur les risques des effets secondaires ».
Lundi soir, la direction générale de la santé a infirmé les professionnels de santé de la suspension du vaccin d'AstraZeneca dans un message DGS-Urgent disponible en ligne. Dans ce texte, elle précise que « de premiers éléments scientifiques seront partagés dès demain, 16 mars, par le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigileance (PRAC) ».

Une décision politique, contre les avis scientifiques

Au total, une dizaine de pays ont pris la même décision, à la suite d’événements thrombo-emboliques rapportés chez des personnes vaccinées, mais sans lien avéré à ce stade. AstraZeneca affirme qu’il n’y a « aucune preuve de risque aggravé » de caillot sanguin entraîné par son vaccin, tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il n’y a « pas de raison de ne pas utiliser » ce vaccin.

Jusqu’à aujourd’hui, les autorités françaises rappelaient d’ailleurs qu’il n’y avait aucune raison scientifique pour suspendre le vaccin. « Ça n’a aucun sens (de) procéder à des arrêts de cette vaccination », s’étonnait ce matin Bruno Riou, cadre de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), sur France Inter. « C’est comme si on disait : “Il y a eu un accident de voiture chez un vacciné, on va interdire la conduite ou supprimer la vaccination !” »

Un casse-tête pour les médecins en pleine campagne de vaccination

Le Danemark a été le premier pays le 11 mars à suspendre le vaccin anglo-suédois « après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins » chez des personnes vaccinées. Il a rapidement été suivi par l’Islande.

La décision française intervient alors même que les pharmaciens entraient à leur tour dans la campagne de vaccination. Quant aux médecins, déjà confrontés aux difficultés d’approvisionnement il va leur falloir suspendre la vaccination avant, éventuellement, de la reprendre d’ici quelques jours. Et expliquer à leur patientèle les raisons de ce nouveau cafouillage.


Source : lequotidiendumedecin.fr