LA FRANCE répond, par cette initiative, à la frustration de toutes les chancelleries qui, depuis plus d’un an, constatent le gel des discussions entre Israéliens et Palestiniens. L’idée est sans doute de mettre au pied du mur le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui poursuit la colonisation sans essayer de réactiver le processus de paix. Or M. Abbas, dès l’arrivée au pouvoir de M. Netanyahu, avait posé comme condition le gel de la colonisation. Après avoir approuvé la position palestinienne, Barack Obama a rejeté cette condition, ce qui a fort irrité les Palestiniens et bloqué les discussions. Blocage qui convient à un gouvernement israélien dont toute la politique consiste à gagner du temps, peut-être pour négocier plus tard à partir du fait accompli.
M. Netanyahu a déjà exercé les fonctions de Premier ministre entre 1996 et 1999 et avait retardé à l’époque, par toutes sortes de louvoiements diplomatiques, l’application des accords de 1993. En 2000, c’est Yasser Arafat qui rejetait les ultimes propositions du gouvernement travailliste d’Ehud Barak et déclenchait une nouvelle intifada. Depuis dix ans, il n’y a pas eu de négociation notable. L’évacuation de Gaza par les Israéliens s’est traduite par la mise en coupe réglée de ce territoire par le Hamas.
La guerre de Gaza.
C’est l’autre facteur de l’immobilisme. Mahmoud Abbas est affaibli par un Hamas qui règne sur Gaza et refuse toute reconnaissance d’Israël. Les bombardements incessants de roquettes sur Sderot ont déclenché une offensive meurtrière des Israéliens sur Gaza à la fin de 2008, juste avant la victoire du Likoud de Netanyahu aux législatives en 2009. La guerre de Gaza, dont la moitié des victimes furent des civils palestiniens, a été largement portée au passif d’Israël, ce qui a conduit un gouvernement israélien exaspéré à réfuter les thèses avancées dans le rapport Goldstone, réclamé par l’ONU, mais qui n’a pas été un modèle d’équité dès lors qu’il omettait de mentionner les raisons pour lesquelles Israël a attaqué Gaza, dont le Hamas avait fait une base avancée contre l’État juif. Ces circonstances ne risquaient pas de favoriser le processus de paix, d’autant que M. Abbas qui n’exerce plus son autorité que sur la Cisjordanie, ne peut rien donner aux Israéliens en échange de concessions territoriales et de la création d’un État palestinien.
LA PAIX EST INDISPENSABLE, MAIS PERSONNE N’Y CROIT VRAIMENT
Un accord entraînerait certainement une tentative de déstabilisation du nouvel État par une recrudescence du terrorisme. Aussi bien M. Abbas n’est-il pas certain que l’idée de la France, qui n’est pas nouvelle, est applicable ni qu’elle servirait les intérêts palestiniens. Il n’est pas sûr non plus que la décision française de reconnaître l’État palestinien serait adoptée par tous les Européens ou par les Américains. En outre, un État sans frontières et sans aucun des instruments de la souveraineté ne modifierait guère le rapport de forces, diplomatique ou militaire.
Habitués au statu quo.
La crise du Proche-Orient, dont on répète un peu superficiellement qu’elle doit être résolue maintenant, sinon elle ne le sera jamais, est compliquée par la présence du Hezbollah au Liban et par les menaces répétées de l’Iran. Téhéran essaie de mettre au point une bombe atomique et dispose déjà des vecteurs capables d’envoyer cette bombe sur Israël. Pour M. Netanyahu, le danger iranien est une raison suffisante pour ne pas poursuivre les négociations avec M. Abbas. Lequel, pourtant, reste la dernière chance des Israéliens de trouver une solution pacifique à un conflit centenaire. Le problème est d’autant plus grave aujourd’hui que, confrontés à une insécurité permanente depuis 1947, beaucoup d’Israéliens se sont habitués à un statu quo fragile et ne croient plus que la quête de la paix soit leur premier devoir. M. Netanyahu insiste sur les progrès « économiques » en Cisjordanie qui, grâce à l’ingéniosité et au dynamisme du Premier ministre Salam Fayyad, sont remarquables. Il serait néanmoins absurde de croire que la nationalisme palestinien se laisserait endormir par une amélioration du niveau de vie. M. Fayyad compte sur la croissance pour faire de la Palestine un État viable qui ne renoncera pas à ses droits.
On peut donc exprimer un très grand scepticisme sur la relance de la négociation par une reconnaissance précoce de l’État palestinien, même si l’on doit admettre que l’absence d’initiative diplomatique est périlleuse. Cependant, il semble bien que M. Netanyahu ne considère pas la démarche de M. Kouchner comme une provocation, ce qui veut dire qu’il ne la craint pas, donc qu’elle ne modifie pas le tableau en profondeur.
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