Pour la première fois, une enquête lancée en 2009 par l’Observatoire du Samusocial de Paris en partenariat avec l’institut national de veille sanitaire (InVS) sonde l’hygiène des personnes sans domicile fixe (SDF), vivant dans la rue ou dans les centres d’hébergement. Les premiers résultats ont été présentés à l’occasion de la 4e journée scientifique de l’Observatoire, ce lundi 28 janvier.
« Les problèmes dermatologiques sont connus pour être récurrents chez ces populations précaires - ils sont même le premier motif d’admission. Mais on constate une méconnaissance de l’épidémiologie des ectoparasitoses », explique Amandine Arnaud, épidémiologiste à l’Observatoire du Samu social de Paris.
L’enquête HYTPEAC (hygiène de la tête aux pieds : ectoparasitoses et affections cutanées) a donc recherché leur prévalence chez les SDF, isolés ou en famille, toxicomanes, femmes victimes de violence...Son intérêt consiste notamment en la distinction entre les populations des centres et de la rue, qui ont été l’objet de deux enquêtes populationnelles transversales. Quelque 1 043 personnes francophones* ont participé : près de 700 dans 82 services d’hébergement (taux de réponse de 54 %) et 341 personnes de la rue (taux de réponse de 49 %) ont rempli un questionnaire détaillé et subi divers prélèvements effectués par des infirmières.
Ectoparasitoses dans la rue
La prévalence de la gale est de 6,36 % chez les personnes vivant dans la rue et de 5,07 % pour la pédiculose. Les personnes résidant en centres semblent préservées, malgré la promiscuité : la prévalence de la gale y est de 0,35 % et de 0,05 % pour la pédiculose.
« Cela n’a pas toujours été le cas : les centres d’hébergement ont fait beaucoup d’efforts ces 15 dernières années, en mettant en place des actions proactives, en orientant les gens vers des consultations dès qu’ils arrivent », commente le Dr Laure Dehen, dermatologue à la consultation Verlaine de l’hôpital Saint-Louis.
Gale : les femmes sont les plus touchées
Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs de risques de la gale. Les femmes sont les plus touchées (avec une prévalence de 3,7 %), les personnes originaires de l’Europe de l’Est (45 % en sont victimes, contre 43 % de Français), et celles habitant dans des squats (prévalence de 5,5 %) ou à plusieurs.
A contrario, vivre longtemps à la rue (au-delà de dix ans) ou posséder un duvet protège. La coexistence d’un chien, prise en compte dans l’étude, ne semble avoir aucune incidence sur le parasite.
Contre la pédiculose, la fréquentation des bains douches, le changement du vêtement du haut et le lavage en machine à laver semblent déterminants. Les personnes ont 5 fois moins de risques d’être atteint en allant aux bains douches - une pratique partagée au moins une fois par semaine par les 2/3 des SDF. « Nous avons reçu pléthores de commentaires plutôt positifs sur les bains douches, saluant leur propreté, alors que ce n’est pas toujours le cas pour les centres d’hébergement », note Stéphanie Vandentorren, de l’Observatoire du Samusocial.
Ces résultats devraient servir de base à l’élaboration de recommandations cette année, a précisé Florence Huber, dermatologue du Samusocial. Ils éclairent surtout la réalité d’une population mouvante, cachée, qui échappe souvent aux enquêtes sur les SDF (la plupart se fondent sur des témoignages recueillis dans les centres).
*Les mineurs et les non-francophones ont été exclus de l’enquête pour des questions de coûts.
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