« POURQUOI faut-il parler de la mort ? Parce que la mort aide à vivre. » C’est l’argument fondateur du « Salon de la mort ! », que la psychologue Marie de Hennezel développera en ouverture des nombreux débats et rencontres organisés en présence du public. Un argument qui s’applique à faire tomber les tabous sur la fin de vie, en proposant, selon les organisateurs, de « préparer sa mort en réfléchissant aux solutions des problèmes qu’elle impose. »
« Le programme est un grand fourre-tout qui fait en soi événement par sa transdisciplinarité », souligne Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace éthique AP-HP, qui participe au comité de soutien et de pilotage (CSP). Les stands des opérateurs de pompes funèbres vont voisiner avec ceux de l’assurance-vie, du notariat, de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), ainsi que des associations : dons d’organes (France-ADOT), aide au veuvage (FAVEC), Petits Frères des pauvres, Vivre son deuil, Dialogue et solidarité (OCIRP), Société française de thanatologie, Groupement d’écrivains conseils (GREC, pour l’aide apportée à la rédaction des mémoires).
La mort envisagée au Carrousel du Louvre vit aussi avec son temps, avec l’irruption d’Internet : sites dédiés à la transmission du patrimoine numérique et autres documents, pompes funèbres intervenant uniquement sur la toile, comparateurs de prix (Iquietis et Obsèques infos), site Internet de vente en ligne de plaques funéraires personnalisées en stratifié.
Au rayon des testaments nouvelles technologies, Movieternity permet de laisser son témoignage vidéo à des personnes sélectionnées qui pourront accéder aux images avec un code confidentiel délivré par un site sécurisé. Repose in light a mis au point l’Héliostèle, petit monument funéraire doté d’un dispositif solaire qui illumine une plaque de verre où est insérée une photo. Sans oublier des offres écologistes dans l’air du temps, avec des stèles végétalisées, des constructions funéraires de haute qualité environnementale et des parcs de recueillement pour les cendres.
Enfin, des activités culturelles sont progammées : documentaires et films (« les Yeux ouverts », tourné à la Maison Jeanne Garnier,« À la vie, à la mort », d’Annie Morillon...), exposition de photos (Photos Vanitas) et d’art contemporain (Pas de visa pour l’au-delà) et même un rendez-vous humoristiques (« Tout doit disparaître », des duettistes Boistine et Catherine Ursin).
Le courage d’anticiper.
« Ce catalogue fait le grand écart, convient le Dr Sylvain Pourchet, responsable d’une unité de soins palliatifs à l’hôpital Paul-Brousse, membre de la SFAP, et qui participe au comité de soutien du salon. C’est le sujet qui exige une telle diversité, quitte à ce que soient abordés des domaines commerciaux et financiers. Mais n’est-ce pas ce qui se passe aussi au sein de nos services, avec les familles qui s’inquiètent quand une procuration sur compte-bancaire joint n’a pas été prévue, ou quand surviennent d’interminables difficultés de succession ? On se heurte souvent au tabou de l’argent, qui vient aggraver les effets du tabou de la mort, ajoutant les préjudices matériels à la souffrance psychique et morale. Or, c’est une illusion de croire que la mort est gratuite, elle coûte de l’argent, comme les soins que nous prodiguons. Dans tous les cas, ne pas évoquer l’ensemble de ces réalités, qu’elles soient médicales ou seulement matérielles, se sanctionne par une perte de chance et une augmentation de la détresse. C’est pourquoi la SFAP a apporté sa caution aux organisateurs, en dépit des risques de dérives qui pourraient survenir : il faut avoir le courage d’informer et d’anticiper sur la mort. L’évoquer en catastrophe à l’hôpital, c’est trop tard. »
Autre membre du CSP, le Dr Jean-Pierre Lablanchy, psychiatre, ne marchande pas non plus son soutien : « Pour avoir travaillé dans un service de cancérologie avec 45 mourants à suivre jour et nuit, j’ai tant souffert des immenses angoisses des patients et de leurs familles que je ne puis que saluer une initiative pour combattre en face le refoulement de la mort. Regarder les réalités, et pas seulement sous l’angle technique et clinique, est toujours bousculant pour des personnes peu au fait de leur rapport au temps. Mais en dernière analyse, c’est la seule manière d’alléger l’épreuve et de la dédramatiser. »
L’intiative n’en reste pas moins audacieuse. « Les organisateurs ont ponctué le nom de leur salon d’un point d’exclamation, qui affiche la provocation, note le Dr Pourchet. Il y a quelques années, une telle proposition était vouée à l’échec. Aujourd’hui, le défi peut être relevé. » Le salon attend 25 000 visiteurs. « Une telle participation indiquerait que le courage peut l’emporter sur les peurs dans un domaine où l’occultation est jusqu’à présent la règle », estime Emmanuel Hirsch.
* Du 8 au 10 avril, Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris, www.salondelamort.com.
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